LONGUE VISITE CHEZ GLÉNAT… ET, DU MÊME COUP, CHEZ VENTS D’OUEST

@ Charly

Continuant sa visite des maisons d’édition ‘es BD’ afin de vous présenter des albums n’ayant pas pu trouver place sur son site suite aux devoirs d’alternance, Campus fait halte aujourd’hui chez Glénat et, par la même occasion, chez Vents d’Ouest qui a rejoint Glénat en 1991. Ainsi, si les sept premiers titres proposés ici portent la griffe ‘Glénat’, le dernier, ‘Perceval’, est publié quant à lui sous le label ‘Vents d’Ouest’.

‘IMMONDE’, D’ELISABETH HOLLEVILLE, s’impose comme un roman graphique ambitieux, marqué par l’immense affection que l’auteure éprouve pour le cinéma des années 80. Celui de Spielberg, Carpentier ou encore Cronenberg. Une sorte de thriller fantastique, drôle et horrifique, traitant de sujets d’actualité comme la pollution, le chantage à l’emploi, l’écologie ou la découverte par les ados de la sexualité. Morterre, la bien nommée, est une petite ville industrielle terne et isolée, habitée majoritairement par les employés de l’Agemma, une entreprise de minerais radioactifs. Un jour, un des employés de l’usine disparaît mystérieusement. Pendant ce temps, Jonas et Camille, deux ados du coin, vont faire la connaissance de Nour, une nouvelle élève qui débarque de Paris. En sa compagnie, ils vont enquêter à la fois sur cette disparition, sur l’usine et sur les choses étranges qui s’y passent. Et notre trio de découvrir l’horreur. Et le lecteur de découvrir un récit très actuel, aidé par un dessin simple mais puissant, qui s’accommode de deux tonalités dominantes: le vert et le mauve.

‘DRUUNA AU COMMENCEMENT T1 ESPOIRS’, DE SCHREINER ET EON SELON LE PERSONNAGE CRÉÉ PAR SERPIERI. Prequel à la série de science-fiction érotique créée par Serpieri, ce premier volet d’une trilogie intitulée ‘Au commencement’ est réservé à un public averti. Un jour, le monde fut ravagé par un virus, et les hommes se transformèrent en effroyables mutants assoiffés de sang. Mais, un avant ce moment a toutefois existé. Un temps qui a précédé cette catastrophe impensable. Une époque où l’espoir était encore permis. C’est dans ce monde que l’on va retrouver la voluptueuse et plantureuse Druuna, plus belle et plus sensuelle que jamais. Dans cet univers voué à une mort certaine et d’ores et déjà contaminé par le chaos, celle dont le galbe fessier ferait damner un saint, tente de survivre par tous les moyens. Antésuite de Druuna, cette nouvelle trilogie raconte les événements qui auront mené au premier épisode de la mythique série érotique enfantée par Serpieri. Un Serpieri qui a donné sa bénédiction au duo Schreiner-Eon pour nous livrer ce récit inédit, mais totalement dans la lignée du trait et de l’univers de grand maître de l’érotisme bédéistique italien.

‘DU CÔTÉ DE L’ENFER 1/2’, DE SIMSOLO ET HÉ. Voilà certes un ouvrage qui invite le lecteur à entrer dans les cercles très fermés des services spéciaux. Nous sommes à Paris en 1957. Qu’importe le régime en place, les services secrets ont toujours œuvré dans l’ombre. Mais qu’en est-il des services spéciaux ? Ces services ayant pour mission d’exécuter des crimes commandités par l’État. Dan a travaillé pour eux et en garde de très mauvais souvenirs. Aujourd’hui, à la tête d’un bar à filles, il voit le passé soudain ressurgir, car il semblerait qu’on ait à nouveau besoin de lui dans le contexte de la crise algérienne. Piégé, voilà qu’il replonge dans ce sale boulot. C’est vrai qu’il n’a jamais failli lors d’une mission. Mais aujourd’hui, qui sont vraiment ses cibles? Des truands? Des diplomates devenus nuisibles? Cette fois, Dan s’enlise dans des affaires de plus en plus douteuses, et cette mission commence à sentir celle de trop. Ce, jusqu’à ce que notre homme décide de travailler à sa manière. Premier volet d’un diptyque, ce polar aux ambiances noires est servi à merveille par le dessin épuré de Dominique Hé.

‘LES AMOURS DE ZEUS’, DE FERRY-BRUNEAU-POLI-DUARTE. Venant prendre place dans cette série que Glénat dédie à ‘La Sagesse des mythes’, une collection conçue et écrite par Luc Ferry, ancien ministre français de l’Éducation nationale, cet opus nous propose les amours de Zeus. Un dieu peu avare de conquêtes. Ainsi, après avoir défait les forces du Chaos et pris place sur le trône de l’Olympe afin de faire régner l’harmonie dans le cosmos, il délaisse son épouse Héra afin de batifoler là où l’emmènent ses très nombreuses envies. Séducteur invétéré, le roi des dieux est prêt à tout pour arriver à ses fins. Métamorphoses, manipulations, ruses diverses, tout lui est bon pour conquérir ses proies. Et qu’importe qu’elles soient déesses, nymphes ou même simples mortelles. Nombreuses sont celles qu’il a courtisées et qui ont donné naissance à une riche progéniture. Il faut savoir que bien au-delà du plaisir charnel, les infidélités du maître de l’Olympe sont souvent stratégiquement calculées. Ainsi, parmi ses enfants, on découvre des héros mythiques comme Héraclès ou Persée, qui l’assisteront dans sa mission d’apaisement de l’univers. Un ouvrage agréablement scénarisé, aux dessins joliment exécutés par Duarte, et offrant en fin de parcours un dossier bien documenté.

‘APHRODITE NÉE DE L’ÉCUME 1/2’, DE FERRY-BRUNEAU-POLI-BAIGUERA. Nouvel opus, mais sous forme de diptyque trouvant également place dans ‘La Sagesse des mythes’, ce récit, s’il possède les mêmes scénaristes qui ont mis Zeus en scène, voit cette fois le crayon passer aux mains de Guiseppe Baiguera. Un dessinateur qui nous livre ici un trait pour le moins remarquable, empreint, qui plus est, d’une certaine sensualité. C’est vraiment très beau! Quant à l’histoire, elle est celle d’Aphrodite, née des membres d’Ouranos tranchés par Cronos et qui ont échus dans la mer. De l’écume, va alors s’extraire celle qui deviendra la déesse de l’amour, du désir et de la beauté. Reste que dès cet instant, ses charmes vont décider du sort de bien des hommes. Qu’ils soient dieux ou mortels, Aphrodite possède le pouvoir de les faire tous succomber. N’empêche que toutes ses amourettes ne sont pas toutes identiques. C’est ainsi que de certaines sont nées de véritables passions, comme avec Arès. D’autres, ont donné le jour à des progénitures, comme avec Anchise. C’est d’ailleurs avec ce dernier qu’Aphrodite a enfanté Énée, le héros de Troie qu’elle protégera au risque de mettre sa beauté en péril. À signaler ici aussi, un excellent dossier en fin d’ouvrage. Et pour le reste: vivement la suite et fin!

‘GILGAMESCH 3/3’, DE FERRY-BRUNEAU-POLI-TARANZANO. Dans ce dernier volet d’un triptyque issu lui aussi de cette ‘Sagesse des mythes’, le lecteur va retrouver Gilgamesch, cet homme issu de la mythologie sumérienne et qui est à la recherche de l’immortalité. Devenu désormais solitaire, puisque les dieux ont décidé d’éliminer Enkidu, son ami de toujours, Gilgamesch, le roi d’Uruk, esseulé, furieux et confus, ne parvient pas à surmonter sa douleur. Mieux, c’est désormais la peur qui l’envahit. Celle de connaître un jour cette mort qui rassemble tous les humains. Toutefois, se pensant différent des autres, il croit et espère avoir mérité l’immortalité. N’empêche qu’un tel cadeau ne s’obtient pas aisément. Ainsi, après avoir traversé de façon plus qu’éprouvante le désert, il va devoir passer devant les hommes-scorpions, franchir la nuit noire, et passer d’autres épreuves les unes plus difficiles que les autres. Du coup, tout qui le croise sur sa route, lui répète les mêmes mots: ‘Renonce Gilgamesch, car seule la mort attend ceux qui tentent d’y échapper’. Mais rien ne peut arrêter celui qui se persuade qu’il est plus qu’un humain. Ici aussi on applaudira pleinement le dessin de Pierre Taranzano.

‘LES GRANDES BATAILLES NAVALES’, DE JEAN-YVES DELITTE. Ceci n’est pas une BD, mais un ‘Beau livre’ fort de 216 pages, et qui se veut une plongée au cœur des plus grandes batailles navales de l’Histoire. Cela depuis l’Antiquité jusqu’à la guerre des Malouines. C’est vrai que bien avant de domestiquer le cheval ou encore d’inventer la roue, l’homme s’est lancé sur les eaux. Et même si les premières embarcations étaient sommaires, elles seront l’un des facteurs qui permettront aux diverses civilisations de grandir et de se répandre. Des vallées du Nil, de la Méditerranée ou de l’Indus, grâce aux fleuves qui serpentent à travers les terres avant de plonger dans les mers, les hommes échangeront des idées, des biens, des techniques tout en développant le commerce. Viendra le temps des découvertes. Celui où le navire va se fortifier, permettant alors à l’homme d’affronter le grand large pour aller au-delà de l’horizon. Mais il ne faut pas non plus oublier que l’humanité n’a jamais su se défaire des instincts belliqueux de certains. Du coup, et qu’importe l’époque, l’homme fera du navire une arme. C’est ainsi que les historiens ont dénombré plus d’un demi-millier de batailles navales ayant joué un rôle dans l’Histoire de notre monde. Vous en découvrirez une vingtaine parmi les plus significatives dans cet ouvrage superbement documenté, illustré de nombreuses photos, mais également de merveilleux dessins exécutés de façon chirurgicale.

‘LA LÉGENDE OUBLIÉE DE PERCEVAL 1/4’, De BRRÉMAUD ET BERTOLUCCI. Avec ce titre, prévu en quatre volumes, nous quittons la maison Glénat pour celle de ‘Vents d’Ouest’. Façon de découvrir l’enfance de Perceval, ce mythique chevalier de la Table ronde. Personnage issu de la légende arthurienne, on ne connaît toutefois pas grand-chose de la jeunesse de ce preux chevalier. Une lacune que Frédéric Brrémaud, remarquablement aidé par le dessin à la fois splendide et somptueux de Frederico Bertolucci tente de combler aujourd’hui. Nous sommes quelque part en Angleterre au temps des fées et des forêts denses et verdoyantes. Là, dans une humble demeure, élevé par sa maman, grandit le jeune Perceval. Un gamin qui ne rêve que d’un noble destin. Or, un jour, alors qu’il chasse la renarde qui égorge les poules de la maison, il tombe tout d’abord sur une armée de Saxons qui vient une nouvelle fois de débarquer sur les terres anglaises. Ensuite, sur trois cavaliers au service du roi Arthur. Parmi eux, un certain Galaad qui va lui apprendre non seulement qui était son père, un ami du roi Arthur, mais également que ce dernier, accompagné de ses fils, avait été tué par les Saxons. Et Perceval de vouloir désormais gagner au plus vite la cour d’Arthur. Un long et dangereux périple qu’il va accomplir en compagnie de sa fidèle hermine et d’une petite fée désemparée de voir comment tourne désormais le monde. Fée qu’on appellera Noisette, car son vrai nom est totalement imprononçable: Wynsghyrnelguürshutigsveen. Que vous soyez petits ou grands, vous tomberez sous le charme de ce monde fantastique mis en exergue par le graphisme percutant d’un Frederico Bertolucci qui nous régale avec ses découpages particuliers, ses gros plans décoiffants et ses coloris d’une infinie tendresse. Vivement le tome deux.  🔴

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