DERNIÈRE SALVE DE BD… DU PREMIER SEMESTRE

@ Charly

Avant de nous attaquer aux BD de la rentrée, il nous restait quelques albums du premier semestre à vous présenter. Des albums venus de chez Casterman, Dargaud, Glénat, Soleil, ou encore des éditions du Tiroir. Si vous êtes passés à côté, c’est le moment de réparer cette erreur, car, selon moi, ils méritent assurément qu’on s’y attarde.

CHEZ CASTERMAN
‘Ulysse’ de Marco Steiner, Fabrizio Paladini et Hugo Pratt
DANS CETTE RELECTURE DE L’ODYSSÉE illustrée par des dessins signés Hugo Pratt, deux personnages évoluent en parallèle: Ulysse, héros qui redevient un homme, un mari et un père, et Télémaque, un jeune homme en passe de devenir un héros.
CRÉÉE EN 1963 POUR LE JOURNAL JEUNESSE ‘Il Corriere dei Piccoli’, cette magnifique adaptation en images d’Homère par le père de Corto Maltese a été entièrement recolorisée par Patrizia Zanotti. Inédite en album en francophonie, et par ailleurs uniquement publiée dans Okapi en 1982, cette nouvelle édition devrait être une véritable découverte pour tous les fans et autres collectionneurs de l’œuvre d’Hugo Pratt.

‘L’expert’, de Jennifer Daniel
1977. SUR UNE ROUTE DE CAMPAGNE à proximité de Bonn, alors capitale de la RFA, ou si vous préférez de l’Allemagne de l’Ouest, un accident de voiture entraîne la mort d’un enfant et d’une jeune femme sympathisante d’un groupe d’extrême gauche adepte de l’action armée, la RAF. Un drame qui va bouleverser Monsieur Martin, un vieil employé de la morgue locale dont le traumatisme de la guerre ressurgit lorsqu’il se voit aujourd’hui confronté aux corps des victimes de cet accident.
AYANT DES RAISONS TOUTES PERSONNELLES de s’intéresser à l’affaire, il décide de se lancer à la recherche du responsable du drame, un triste sire qui a pris la fuite. Reste que son enquête va le mener à des conclusions troublantes.
PLUS QUE DES VOITURES, CE SONT DES MONDES, des classes sociales, des intérêts et des idéologies qui s’entrechoquent dans ce polar aussi complexe, aussi angoissant que captivant. Un polar où le dessin tirant sur le naïf impressionne, servi qu’il est par une palette de coloris influencés par la BD de fin des années 1960.

‘New Cherbourg Stories – Secrets de famille’, de Pierre Gabus et Romuald Reutimann
DÉJÀ UN CINQUIÈME OPUS pour ces New Cherbourg Stories. Un album où il est question d’une exposition de photos que le boxeur John Treburt prend en amateur, mais dont l’une d’entre elles va susciter l’émoi au sein de la population de New Cherbourg. Sur ce cliché, il est question d’un ballet d’eau formant une chorégraphie aussi inexplicable que poétique: ‘Les Danses de Saint-Elme’. Un phénomène local et mystérieux qui se rapporterait à une légende populaire du coin.
UNE NUIT, UN CAMBRIOLEUR TENTE DE PÉNÉTRER dans l’enceinte de l’exposition avec la ferme intention d’y voler cette photo. Cet homme est fait Côme Glacère qui, avec son frère jumeau Pacôme, travaille avec les services du contre-espionnage. Des frères aujourd’hui brouillés pour de sombres querelles familiales. Tandis qu’un homme puissant et fortuné met tout en œuvre pour récupérer le négatif de cette photo, rapts et poursuites s’enchaînent autour de cet étrange et poétique phénomène aquatique.
COMME D’HABITUDE, UNE HISTOIRE BIEN RYTHMÉE, remplie de fantaisie et d’humour, servie par un dessin au doux parfum rétro qui fait honneur à la ligne claire. Sans doute parce que je suis de l’époque du premier Journal Tintin, mais j’adore cette BD.

CHEZ DARGAUD
‘Mamie n’a plus toute sa tête T1’, de Romain Dutreix
EN APPARENCE, ROMAIN DUTREIX EST UN AUTEUR DE BANDES DESSINÉES à l’existence bien réglée. Chaque matin, après le petit-déjeuner, il se rend à son atelier pour réaliser les planches de ses albums. Sauf qu’en réalité il mène une double vie. Non pas qu’il trompe sa femme, comme celle-ci l’imagine, mais bien parce qu’il passe régulièrement chez sa grand-mère pour vérifier qu’elle n’a pas commis une nouvelle bêtise. Car mamie a malheureusement le cerveau qui joue au yoyo.
PERSUADÉE QUE L’ON EST TOUJOURS EN TEMPS DE GUERRE, elle est convaincue que tous ceux qui sonnent à sa porte sont des nazis. Du coup, elle s’empresse de les faire disparaître. Aujourd’hui, Romain découvre dans la cave de mamie une nouvelle victime: l’installeur du compteur électrique. Résultat: il va falloir se débarrasser du cadavre, comme c’est devenu une habitude. Et cela tout en espérant que la police ne s’inquiète pas de sa disparition.
AVEC CET OUVRAGE, L’AUTEUR RÉUSSIT À TRANSFORMER UNE SITUATION TRAGIQUE en une comédie d’une drôlerie irrésistible, doublée toutefois d’un authentique polar nourri par une intrigue implacable. Pour le lecteur, une seule chose importe désormais: que la police ne démasque pas Romain Dutreix avant qu’il n’ait terminé la suite et fin de ce diptyque qui est un pur régal d’humour… noir et burlesque.

‘La Route’, de Manu Larcenet, d’après l’œuvre de Cormac McCarthy
APRÈS ‘LE RAPPORT DE BRODECK’, c’est à un autre chef-d’œuvre de la littérature que s’attaque Manu Larcenet. Un roman postapocalyptique intitulé ‘La route’, et écrit par Cormac McCarthy. Un roman ayant reçu plusieurs récompenses, et qui fut même adapté au cinéma en 2009.
L’APOCALYPSE A EU LIEU. LE MONDE EST DÉVASTÉ, couvert de cendres et de cadavres. Parmi les survivants, un père et son fils qui errent sur une route en poussant un Caddie rempli d’objets hétéroclites censés les aider dans leur voyage. Sous la pluie et la neige, dans le froid de l’hiver, ils avancent la peur au ventre vers les côtes du Sud. C’est vrai que des hordes de sauvages cannibales sillonnent sans cesse la route qu’ils empruntent.
D’UN ROMAN CULTE, LARCENET A FAIT UN ALBUM à la fois magistral, fascinant, bouleversant, puissant et poignant. Un album où l’on ne trouve pas beaucoup de dialogues, mais où le dessin, d’une beauté saisissante, restitue à merveille et comme un coup de poing dans le ventre, la brutalité de ce monde dévasté. Incontestablement un nouveau chef-d’œuvre au catalogue de la BD.

CHEZ GLÉNAT
‘Le vin des Poilus’, d’Eric Corbeyran et Lucien Rollin
CET OUVRAGE PUBLIÉ CHEZ GLÉNAT est déjà le quinzième de la collection ‘Vinifera’, celle qui a pour ambition de dresser l’histoire du vin de l’Antiquité à nos jours. En France, bien sûr, mais également dans tous les pays vinicoles. Et ce depuis les amphores de Pompéi, jusqu’aux vins en biodynamie qui passionnent aujourd’hui les œnophiles.
1916. DANS LA VALLÉE DE LA MARNE, les soldats français englués dans la boue des tranchées se donnent du courage avec une ration quotidienne de vin. Mais nombreux sont ceux qui jugent ce breuvage imbuvable. Certains prétendant même que le bon vin de Bourgogne est uniquement réservé aux officiers. Pour eux, ils n’hériteraient que de piquette.
PARMI EUX, GASTON, UN JEUNE HOMME dont le père est vigneron et qui va prendre à cœur le débat. D’autant que les différentes appartenances régionales, liées à la production du vin, avivaient souvent les tensions entre les poilus d’une même tranchée qui ne juraient que par le vin de leur région natale.
AFIN DE RACONTER LE VIN, CORBEYRAN mêle savamment et avec justesse, événements historiques et anecdotes de tranchées. Quant aux dessins de Lucien Rollin, ils illustrent à merveille ce récit prenant.

‘Jules Matrat’, de Serge Fino, d’après le roman de Charles Exbrayat.
ENCORE UN RÉCIT QUI SE DÉROULE DURANT LA PREMIÈRE GUERRE MONDIALE. Un récit qui s’inscrira sous la forme d’un triptyque et qui évoquera le destin brisé d’un jeune poilu traumatisé par la guerre 14-18. Une adaptation du roman de Charles Exbrayat paru en 1942.
C’EST DANS UNE RÉGION PAISIBLE de la Haute-Loire que la guerre vient, un beau jour du mois d’août 1914, chercher Jules Matrat. La guerre, Jules n’y connaît rien. Il n’a pas envie de la faire. D’autant qu’il s’apprête à épouser Rose. Mais les ordres sont les ordres et le voilà obligé de rejoindre les tranchées boueuses et humides dans lesquelles patauge sa compagnie.
C’EST LÀ QU’IL VA FAIRE LA RENCONTRE DE LOUIS AGNIN, paysan comme lui, mais qui vient des Alpes. Très vite, ils vont se lier d’amitié et rêver un instant d’ailleurs en évoquant leurs terres, les travaux des champs, leurs fiancées restées à la ferme. Quand Louis est abattu et que la guerre prend fin, il est temps pour Jules comme pour des milliers de mutilés de regagner son foyer. Mais que reste-t-il de cet homme après quatre années meurtrières? Hanté par des souvenirs traumatiques Jules va s’isoler chaque jour davantage, tandis que l’incompréhension de ses proches fera bientôt place aux reproches.
UNE ŒUVRE ÉMOUVANTE, SERVIE PAR UN DESSIN qui s’attache à nous faire ressentir l’émotion qu’est celle de chaque personnage. Une œuvre qui soulève également la douloureuse question des survivants, sans oublier pour autant les disparus, considérés comme les seuls vrais héros de la Grande Guerre, car morts pour la patrie. Un premier volet tout bonnement remarquable!

CHEZ SOLEIL
‘Stuka – Le tueur de tanks’, de Nolane, Sotirovski et Davidenko
DANS UNE NOUVELLE COLLECTION APPELÉE ‘WARBIRDS’, collection qu’il dédie aux avions de combat à hélice construits entre 1935 et 1950, des avions de légende, Soleil nous propose aujourd’hui le tristement célèbre Stuka de l’aviation allemande. Un avion redoutable qui, au-delà d’être une arme de guerre plus qu’efficace contre les chars, s’avéra une véritable terreur pour les populations qui, sur des routes hyper encombrées, fuyaient l’avancée des troupes nazies.
LE JU 87 STUKA, AVEC SA SIRÈNE TERRIFIANTE et ses bombes à la précision mortelle, c’est la mort qui fond des cieux dès 1939. L’ultime version du Stuka sur le front de l’Est sera le Ju 87G antichar, aux canons impitoyables contre les Soviétiques.
LE NOM DE HANS-ULRICH RUDEL est lié à cet avion. Soldat allemand le plus décoré de la Seconde Guerre mondiale, sa tête fut mise à prix par Staline. Le 8 mai 1945, à l’annonce du cessez-le-feu, il se rendra avec six autres pilotes aux soldats américains qui avaient pris aux Allemands la base aérienne de Kitzingen en Bavière. Ceux-ci refusèrent de le livrer aux Russes. C’est son histoire et celle du Stuka que cet ouvrage, qui coupera le souffle à tous les amateurs d’avions, vous propose de suivre. Des amateurs qui découvriront à la fin de l’album, un dossier sur cet avion de chasse qui sema la mort un peu partout lors de ses nombreuses missions.

AUX ÉDITIONS DU TIROIR
‘L’espion qui a piégé Hitler’, de Valdeira et De Kuyssche
EN PARTENARIAT AVEC LA PREMIÈRE DE LA RTBF, les éditions du Tiroir lancent une nouvelle collection inspirée de ‘L’Heure H’, un podcast quotidien diffusé en radio et raconté par Jean-Louis Lahaye. L’objectif étant pour l’instant d’en sélectionner deux par an et de les adapter en BD. Afin d’inaugurer cette collection, le choix s’est porté sur cette histoire méconnue et fascinante de l’espion qui piégea Hitler. Le prochain, prévu pour décembre, portera le titre du ‘Noël de Dickens’.
QUOI DE MIEUX POUR VOUS DÉCRIRE cet album, que d’utiliser l’expression: ‘La réalité dépasse la fiction’. Une expression qui exprime à merveille ce que fut la vie -1912-1988- de Juan Pujol Garcia, un jeune Barcelonais que rien ne préparait à jouer un rôle majeur dans le débarquement des Alliées en Normandie. En 1936, lorsque la guerre d’Espagne éclata, il élevait des poules. Mais les péripéties de cette guerre civile sans merci l’ancrèrent dans la conviction que tout devait désormais être mis en œuvre pour sauvegarder la démocratie. C’est ainsi qu’il conçut une haine féroce face au nazisme, parvenant après moult essais manqués à décider les Anglais à accepter ses services. Et lui de mettre alors sur pied, la plus rocambolesque escroquerie dont Hitler fut la première victime. L’occasion pour le lecteur d’admirer le dessin du regretté Alain De Kuyssche.

‘Ronds rouges’, de Bruno Bazile
AVEC LOUISON BOBARD, UNE JOURNALISTE SPORTIVE AU CARACTÈRE BIEN TREMPÉ, c’est une nouvelle série que nous proposent les éditions du Tiroir. Une Louison Bobard qui, accompagnée d’Yves-Portat Remington, un journaliste au tempérament totalement à l’opposé de celui de notre héroïne, va être lancée par la direction du grand quotidien ‘Le Regard’, sur une enquête pour le moins étrange.
DEPUIS LE PRINTEMPS DE CET AN DE GRÂCE 1967, les murs des villes et des villages se couvrent d’étranges affiches: ‘Les Ronds Rouges arrivent’. Pas d’autres commentaires, pas d’informations supplémentaires. C’est vrai qu’à l’époque, en France, on ne connaît pas encore le teasing. Jour après jour, le message évolue, mais reste toutefois très vague. Les uns s’en amusent, d’autres s’en inquiètent. Et Louison et Remington de devoir mener l’enquête qui va les plonger dans le milieu de l’industrie pétrolière et de la… plus grosse opération de marketing.
C’EST DÉLICIEUSEMENT BON. C’est tout bonnement vintage, et même plus. C’est une BD qui fleure bon le Gilles Jourdan de Maurice Tillieux ou encore le Jacques Gipar d’un Jean-Luc Delvaux. Jean-Luc Delvaux, ce dessinateur qui travaille la ligne claire dans la plus pure tradition Tillieux. C’est dire si cette BD va être truffée de véhicules des années 1960. De quoi ravir et combler d’aise les amateurs de la voiture de papa et même de grand-papa. Vous allez adorer et attendre avec impatience le prochain volet des aventures de Louison Bobard: ‘Dix minutes de silence’.  🔵

Oct 2024

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