BALADE AU CŒUR DE CES NOUVELLES BD… QUI FONT MOUCHE

@ Charly

Toujours énormément de nouveautés du côté de la bande dessinée. Avec, qui plus est, de nombreux titres qui méritent grandement votre attention à des degrés divers, notamment suite aux sujets traités. Prenons pour exemple ce ‘Revoir Comanche’, paru au Lombard sous la plume et les pinceaux de Romain Renard. Ou alors, chez Delcourt, ce qui sera une saga qui portera sur plus de 600 années consacrées à la Couronne de France. Il y a aussi l’arrivée de Kalopsia, un nouvel éditeur de BD, qui va nous permettre de retrouver la famille Carin (Victor Sackeville). Chez Dargaud, vous découvrirez l’excellente fin du diptyque consacré à ‘Habemus Bastard’. Enfin, aux rayons Glénat et Rue de Sèvres, vous alimenterez votre savoir avec deux événements très peu connus du grand public et liés à la Seconde Guerre mondial. Événements qui nous sont révélés de bien belle façon côté scénario que côté graphique.

‘Habemus Bastard – 2/2 Un cœur sous une soutane’, de Sylvain Vallée, Jacky et Jacky Schwartzmann chez Dargaud
SUITE ET FIN DE CE DIPTYQUE CONSACRÉ à Lucien, un truand en cavale, qui pourtant est en train de s’installer de maîtresse façon dans son rôle de curé. Cela même si son humour décalé dérange parfois ses ouailles, et qu’ il ne maîtrise toujours pas sur le bout des doigts la cérémonie de baptême. Il faut bien reconnaître que pour lui, entre son petit trafic de drogue qui tourne rond, et l’une de ses paroissiennes qui se confesse avec passion, les avantages ne manquent pas.
ÉVIDEMMENT, CELA NE POUVAIT PAS DURER. Certes s’il n’y avait eu que ce gendarme un peu trop fouineur il aurait assuré, mais quand on se retrouve entre deux bandes de truands rivales qui veulent vous faire la peau, on ne peut compter que sur un miracle.
ASSURÉMENT UNE BD D’UNE GRANDE ORIGINALITÉ, faite d’un humour noir décapant et où les auteurs entremêlent tous les ingrédients d’un excellent polar à coups de règlements de comptes sanglants, de dialogues qui claquent comme un chien de revolver, de truands patibulaires et de descriptions réalistes d’une petite ville du Jura. C’est tout simplement génial!

‘La couronne de France de Philippe Auguste à Philippe Le Bel’, de Jean-Pierre Pécau et Milan Jovanović chez Delcourt
AVEC CETTE FORTE BD DE QUELQUE 112 pages suivies d’un cahier historique largement documenté, le lecteur va entreprendre un voyage de plus de 600 ans à travers la France et l’histoire de ses rois. C’est ainsi que ce premier volume débute à la naissance de Philippe II Auguste, qui fut le premier roi à être proclamé ‘Roi de France’.
S’IL FUT LE VÉRITABLE FONDATEUR de la dynastie des Capétiens, il fut également le premier roi de France digne de ce nom, mais aussi le premier à ce programmer comme tel. Face à l’empire des Plantagenêt et aux puissants barons du Saint Empire romain germanique, il parvint à transformer sa petite principauté d’Île-de-France en un vaste royaume.
C’EST SOUS SON RÈGNE QUE L’ON VA VIVRE cette lutte contre le Saint Empire romain germanique et l’Angleterre sur fond de croisades et de bataille de Bouvines. Ce récit se poursuit avec le règne de Philippe IV le Bel, qui a profité de la mort à douze ans, de son frère aîné Louis d’Évreux. Pour remplir les caisses royales, Philippe le Bel s’acharnera sur les juifs, les banquiers lombards et sur l’ordre du Temple. Par la suite, il se dressera contre le pape… la guerre de Cent Ans est proche. Tous ces événements magnifiés par le graphisme de Milan Jovanović.

‘La 3e Kamera’, de Cédric Apikian et Denis Rodier chez Glénat
1945 À BERLIN SOUS L’OCCUPATION ALLIÉE. Pendant la Seconde Guerre mondiale, plus de 15.000 soldats, appareils photo et cameras en main, alimentaient la propagande du Reich. Ces ‘Propaganda Kompanien’, des reporters de guerre allemands sous les ordres de Goebbels, avaient pour habitude d’utiliser deux appareils photo officiels. Sauf que certains s’étaient munis d’un troisième appareil clandestin échappant à tout contrôle: la fameuse ‘3e Kamera’.
C’EST LE CAS DU LIEUTENANT FRENTZ, mandaté pour suivre le Führer en personne. Dans la capitale en ruine, une course effrénée contre la montre commence pour récupérer ses clichés. Cela en vue du procès de Nuremberg où ces troisièmes caméras servaient de documentation quant aux crimes commis par le régime. Cela au point de devenir un enjeu stratégique pour les soldats américains du CIC, le Counter Intelligence Corps. C’est vrai que ce type d’appareil pouvait révéler le visage d’officiers SS, mais aussi apporter la preuve irréfutable des atrocités perpétrées dans les camps. Mais ici, quels autres secrets pourrait encore livrer le boîtier de Frentz qui se trouve au rayon ‘absent’.
CET ALBUM EST SANS CONTESTE UN RÉCIT INÉDIT dans le petit monde de la BD historique. Une histoire jusqu’ici totalement ignorée du grand public et qui, du reste, s’accompagne d’un fort dossier historique des plus détaillés réalisé par Nicolas Férard. C’est absolument ‘dingue’ ce qu’il nous apprend. Un véritable pavé dans la mare de l’Histoire conté, au-delà du texte, par le crayon au trait vif et saisissant de réalisme de Denis Rodier. Sachez que cet album existe également en noir et blanc. Un petit régal visuel, mais également de connaissances nouvelles !

‘Ennemis de Sang – Maeva’, de Francis et David Carin chez Kalopsia
EN 2014 ET EN 2016, LES ÉDITIONS GLÉNAT publiaient deux tomes d’une série écrite et dessinée par Francis et David Carin. Série intitulée ‘Ennemis de sang’. Aujourd’hui, les éditions Kalopsia vous proposent non seulement une réédition de l’intégrale, mais également la suite de ce récit avec la publication du tome 3 de cette série devrait en comporter quatre.
RAPPEL DE L’INTÉGRALE. 1896. Belgique-Flandre occidentale. Maria et Frans Desmet, un couple de paysans, perdent leur bébé dans des circonstances tragiques. Effondrée, Maria dissimule le drame jusqu’au jour où, poussée par une pulsion incontrôlable, elle enlève de son landau l’un des jumeaux de la riche famille des Van Tongen, qu’elle va alors élever comme son propre fils.
SÉPARÉS, LES DEUX FRÈRES GRANDIRONT dans des milieux que le destin a choisi d’opposer: Omer Desmet dans la rudesse et le labeur des familles pauvres, Oscar Van Tongen dans le luxe et l’aisance de la grande bourgeoisie… Viendra alors la Première Guerre mondiale. Ennemis de sang est un drame ancré à l’époque du développement industriel de l’Europe, où les inégalités sociales sont parfois plus fortes que les liens du sang.
DANS CE TROISIÈME OPUS, NOUS RETROUVONS  nos héros en mai 1919, sur l’atoll de Huka-Huka qu’Omer va quitter en embarquant sur un vieux steamer qui mouillait dans le lagon de l’île pour se ravitailler en vivres et en eau. Maeva, dépitée, le suit par amour en emportant la divinité providentielle.
ILS TENTENT DE REJOINDRE L’EUROPE et plus spécialement la Belgique, car Omer se sentait prisonnier de l’île, bien qu’il ait été choisi pour en être le roi. Leur long périple ne se passe pas comme prévu et ils vont vivre une fois encore un nouvel épisode romanesque, juché d’embûches et de rebondissements, digne des plus grands romans d’aventures du début du XXe siècle.

‘Revoir Comanche’, de Romain Renard au Lombard
REVOIR COMANCHE EST UNE INCROYABLE et excellente surprise. Tout simplement parce que, à l’image des amateurs de BD, plus personne ne s’attendait à revoir le personnage de Red Dust, créé par Hermann et Greg. Red Dust, ce cow-boy solitaire devenu contremaître du 666, redoutable pistolero qui, alors que dans les années 1970 et dans les médias qui jouaient la carte de la morale pour le contenu des publications liées à la jeunesse, avait tué sans le moindre remords, un des frères Dobbs, un tueur à gages pourtant désarmé.
OR, ROMAIN RENARD, L’INCROYABLE AUTEUR de Melville, a décidé de se dégager de toute contrainte, a repris la plume et les pinceaux afin de nous emmener sur la piste du Triple Six et de revenir cette série au titre générique de ‘Comanche’. Ce faisant, il signe un album graphique très personnel qui a l’intelligence de ne jamais nous proposer autre chose que sa vision du mythe.
C’EST AINSI QU’À LA VERVE DE GREG, il substitue ses somptueux silences qui rythment ce road trip mélancolique. Côté dessin, et par rapport à celui d’Hermann, il préfère un travail tout en contrastes, à mi-chemin entre cinéma d’animation et travail d’illustration. Au fil des pages, il enchaîne les mises en abyme pour nous proposer une réflexion profonde sur le passage du temps, et la mort des mondes qu’on croyait éternels. Un ouvrage puissant et émouvant tout à la fois. Un album tout bonnement jubilatoire.

‘Les évasions perdues’, de Thomas Legrand et François Warzala chez Rue de Sèvres
Septembre 1939. Jacques Leboy a vingt ans. Issu d’une famille bourgeoise catholique, il rêve de faire carrière dans l’armée. Alors, quand la France entre en guerre contre l’Allemagne, il n’hésite pas à devancer l’appel pour s’engager. Devenu aspirant après une courte formation, il est envoyé au front.
Quelques semaines plus tard, c’est la débâcle !
L’ARMÉE FRANÇAISE EST ÉCRASÉE et Jacques, comme plus d’un million et demi de soldats, est fait prisonnier et envoyé en Allemagne. Toutefois, sa captivité, il va la vivre dans un camp un peu spécial: l’Aspilag I-A de Stablack, au fin fond du Reich. Une sorte de camp universitaire négocié par le gouvernement de Vichy pour former, durant leur détention, les futures cadres de l’armée européennes.
PENDANT CINQ ANS, ENTRE LES COURS DE MATHS ET LES CORVÉES, entre l’ennui et la colère, entre les amitiés et les trahisons, Jacques ne pensera plus qu’à une seule chose: s’évader de ce Stalag VI-D.
Écrite par Thomas Legrand d’après les souvenirs de captivité de son père, cette BD possède en elle la force des grands témoignages de ces personnes qui mêlent à la grande Histoire les anecdotes savoureuses et les réflexions intimes. D’autre part, ce récit met en lumière une réalité peu connue de la Seconde Guerre mondiale: la captivité de 1,8 million de soldats français en Allemagne et leur difficulté à témoigner.
AU-DELÀ DE CE TRÈS BEAU RÉCIT MÉMORIEL, on soulignera ce dessin semi-réaliste d’une extrême élégance que signe Warzala. Un dessin du style ligne claire, que vous allez j’espère, et tout comme moi, adorer.  🔵

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