À la gravité et à la terreur inédite de ‘La fabrique des salauds’, présentée à l’époque sur notre ancien site, succèdent la légèreté, la fantaisie débridée et grinçante, le burlesque ou encore le surréalisme de ce récit puissant et drôle, raconté sous forme de roman posthume.
CHRIS KRAUS, L’AUTEUR, POURSUIT ICI SON EXPLORATION de ces familles hantées de fantômes nazis. Mais cette fois sur fond d’hommage au cinéma et à la scène artistique et littéraire des années 1990. Ce qu’on appelait la Beat Generation. Écrit sous forme d’un journal posthume via un texte puissant et drôle, ce livre constitue un agréable moment d’évasion.
ÉTUDIANT BERLINOIS EN CINÉMA, JONAS ROSEN, PETIT-FILS DE SS, est envoyé à New York par son professeur pour préparer l’arrivée de ce dernier accompagné de cinq élèves de la promo de Jonas. Des copains avec qui il devra réaliser un film sur le sexe. Reste à trouver le sujet de ce film de fin d’études. Fiction porno expérimentale? Documentaire sur le pouvoir érotique du lobe des oreilles? Notre étudiant cherche et se cherche.
À NEW YORK, DANS UN QUARTIER MALFAMÉ où résonnent encore les pas de Jack Kerouac et d’Allen Ginsberg, membres originels de la Beat Generation, Jonas fait des rencontres. Il y a Jeremiah, ponte du cinéma, obèse et dépressif, qui va l’introduire dans le milieu de l’art underground; Nele, une étudiante allemande, ‘sirène’ insaisissable qui deviendra un temps sa muse.
ENFIN IL Y AURA PAULA, CETTE TANTE QUI VIT À NEW YORK et qu’il refuse de voir. Cela tant il cherche à échapper à son histoire familiale, complexe et terrible, qui ferait pourtant un sujet idéal pour un film. Mais voilà, Jonas répète à l’envi: ‘Je ne tournerai pas de film à la con sur les nazis.’ Incroyable découverte que ce roman! 🔶
‘Baiser ou faire des films,’ de Chris Kraus chez Belfond
