ALFA ROMEO TONALE… CELLE QUI VA SAUVER LA MARQUE MILANAISE?
@ Paul Verdbois
Une situation catastrophique. Prétendre que la situation d’Alfa Romeo est préoccupante est un doux euphémisme. Sans son implantation dans la constellation Stellantis, il y a fort à parier que son sort aurait déjà été scellé. La Giulia, qui était censée faire renaître cette marque emblématique de l’histoire automobile n’a, malgré toutes ses qualités, nullement atteint son but. La même réflexion s’applique d’ailleurs à la Stelvio seul autre modèle produit avant le lancement de la Tonale. Les chiffres des ventes de l’Anonima Lombarda Fabbrica Automobili ne mentent pas: 54.000 exemplaires produits en 2020 ; 44.000 en 2021… et un rebond à environ 65.000 en 2022 grâce au lancement de la Tonale produite à Pomigliano d’Arco près de Naples. Pour mémoire, en 2001, Alfa Romeo produisait 213.000 voitures. La Belgique est d’ailleurs un exemple dramatique de la situation d’Alfa Romeo : 826 immatriculations en 2022 soit 0,23% de part de marché. À l’horizon 2027, grâce à la Tonale, dernier atout ou bouée de sauvetage d’Alfa, les ventes dans le monde devraient s’élever à 200.000 voitures par an.
UNA BELLA MACHINA. La ‘patte’ italienne est omniprésente dans le design de la Tonale, petite sœur de la Stelvio. Un superbe avant en forme de squale, six petits projecteurs matrix de part et d’autre de la calandre triangulaire en nid d’abeille surmontée du Biscione, autrement dit de l’énigmatique serpent vert associé aux armes de la ville de Milan. Un vrai rappel de certaines réalisations de Zagato pour Alfa Romeo dans les années 80-90. La séduction se poursuit avec une ligne fluide vers l’arrière, elle-même décorée d’une superbe ligne lumineuse, une signature lumineuse rappelant les six projecteurs avant. Cerise sur le gâteau, les superbes jantes aux cinq cercles.
À l’intérieur l’amoureux d’Alfa Romeo ne sera pas déçu devant la double casquette au- dessus de l’écran face au conducteur, comme au temps de la splendeur de la marque milanaise… sans oublier les couleurs italiennes sur la console centrale.
UNE ORIGINE PRÉ-STELLANTIS. Conçue avant la création de Stellantis, les ingénieurs ont été puiser dans le magasin du groupe Fiat-Jeep-Chrysler pour la conception de la Tonale et le choix s’est porté sur… le châssis de la Jeep Compas. Rassurons immédiatement les Alfistes, ce châssis a été profondément modifié afin de réponde aux normes d’Alfa Romeo. Quatre mécaniques sont au programme: deux 1.5 micro hybrides développant 130 et 160 ch, un hybride Plugin quatre roues motrices de 1.3 totalisant pas moins de 280 ch et un 1.6L diesel de 130 ch. Pour notre part, nous avons pu prendre en mains le 1.5 micro hybride double turbo de 160 ch assisté par une batterie 48v qui alimente un moteur électrique de 20 ch intégré dans la boîte robotisée à 7 vitesses.
PREMIUM OU PAS PREMIUM? Ce n’est un secret pour personne qu’Alfa Romeo s’est toujours considéré comme une marque Premium. Malheureusement, durant de nombreuses années la qualité de finition a plutôt été aux abonnés absents. Qu’en est-il de la Tonale? Incontestablement, d’énormes progrès ont été accomplis: sièges en Alcantara, bandeau avec surpiqûres rouges dans la même matière au bas du tableau de bord, grandes palettes de changement de vitesse en aluminium, sans oublier le bandeau lumineux, paramétrable en trois couleurs…
Au niveau du multimédia, qui n’était pas la tasse de thé ou plutôt d’expresso d’Alfa, il est désormais ultra complet et rivalise avec succès avec ses principaux concurrents. Une fausse note cependant, les plastiques durs au-dessus du tableau de bord et des contre-portes. Des détails peut-être mais ne perdons pas de vue que dans le segment C des SUV la Tonale se mesure à des concurrents de poids telles que la Mercedes GLA, la BMW X1-X2 et l’Audi Q3.
Les deux écrans, le combiné avec les instruments de bord face au conducteur (12,3’’) et l’écran tactile central Alfa Connect de 10,25’’ sont évidemment digitaux. Comme toutes les voitures contemporaines, un certain temps d’adaptation sera nécessaire pour pouvoir profiter pleinement de l’ensemble de l’info-divertissement. Heureusement, les commandes de la climatisation se présentent sous forme de touches situées sous l’écran central. La navigation quant à elle se signale par sa rapidité et son efficacité avec en prime une alerte pour radars fixes. Quelques fausses notes sont cependant à signaler: les commodos des essuie-glaces et des clignotants sont d’un usage peu naturel et la molette située sur le côté droit du volant commande à la fois le choix des stations radio et celui de l’écran face au conducteur… une véritable hérésie.
UN HABITACLE SPACIEUX ET RELATIVEMENT DOUILLET… MA NON TROPPO. Avec 4,53 m, l’Alfa Tonale offre une habitabilité des plus spacieuses, tant à l’avant qu’à l’arrière qui offre un rayon genoux conséquent. Sans être à proprement parler inconfortables, les sièges avant sont relativement durs et ils manquent de maintien pour le haut du corps, principalement du fait de l’absence de réglage horizontal des appui-têtes. L’insonorisation quant à elle est des plus réussie et la suspension, sans être du type tapis volant, veille au bien-être de vos vertèbres. Quant au coffre, avec une contenance de 500 litres, il se situe plutôt dans la moyenne inférieure de la catégorie.
L’ÉQUIPEMENT? CORRECT, SANS PLUS. Pour notre essai, nous disposions de la finition sportive ‘Veloce’ qui peut être considérée comme le haut de gamme. L’essentiel de l’équipement que l’on peut s’attendre à trouver sur un haut de gamme répondait à l’appel comme par exemple les projecteurs Matrix, la clé mains libres, clés USB des deux types, l’assistance intelligente à la vitesse, la caméra de recul, les radars avant et arrière, le freinage d’urgence, l’assistant perte d’attention, la recharge smartphone, l’aide au maintien de voie, le régulateur de vitesse adaptatif, Apple Carplay/ AndroidAuto… Cependant, pas de trace de vue 360° ni de caméra avant ni de détection d’angle mort ni d’aide au stationnement ni de sièges chauffants ou électriques. Certes, moyennant finances, de tels équipements sont disponibles dans des Packs facturés 2.500 et 1.700€. Bref, peut mieux faire.
MICRO HYBRIDE… MICRO PERFORMANCES? Rassurons immédiatement les fanatiques d’Alfa Romeo, on ne traine pas en Tonale. Cependant, nous n’avons pas affaire à une mécanique explosive. Le caractère sportif n’est pas vraiment au rendez-vous même si les 8,8 secondes pour le 0 à 100 km/h ne peuvent être qualifiées de médiocre performance. Le système micro-hybride offre malgré tout un agrément de conduite certain, même si la Boîte de vitesse s’avère en un peu lente. Cette mécanique se signale également par une agréable fluidité mais aussi par sa discrétion qui conforte ainsi le bien-être des occupants.
Si l’on sélectionne le mode ‘Dynamic’, autrement dit Sport sur le sélecteur ‘DNA’, l’on obtient des performances certes légèrement plus impressionnantes avec une réponse moteur plus rapide et une direction encore plus incisive mais au prix d’une suspension moins confortable et d’un grondement moteur plus présent. Pour des performances plus explosives, il faudra se tourner vers la version Plugin développant une puissance combinée de 280 ch… moyennant un supplément de plus de 10.000€.
Une constatation, la micro hybridation avec la batterie de 48V et le moteur électrique de 20 ch fonctionne avec efficacité. Lors de manœuvres, démarrage ou à faible allure pendant quelques centaines de mètres, c’est le moteur électrique seul qui propulse la Tonale… à condition évidemment que la batterie de 48V soit suffisamment chargée et que le conducteurs mène sa monture avec un œuf sous la pédale de droite, pédale en aluminium s’il vous plaît. Avec une moyenne de 6,6 litres, la consommation peut être qualifiée de très favorable.
COMPORTEMENT ROUTIER NEUTRE. Comme pour la mécanique, les concepteurs de la Tonale n’ont pas vraiment opté pour l’ADN Alfa Romeo que l’on retrouve par exemple sur la Giulia avec un comportement des plus tranchant. En bonne traction avant, l’Alfa Romeo Tonale distille un comportement des plus neutres et des plus rassurants. D’aucuns lui reprocheront une direction peu communicative mais elle s’avère cependant directe et précise. En clair, un comportement qui satisfera l’immense majorité des conducteurs, sauf peut-être les Alfistes inconditionnels.
UN POSITIONNEMENT PRIX PLUTÔT MOYEN. Si le tarif de la Tonale débute à 34.600€, notre exemplaire s’affichait à 44.900€ auxquels il convient d’ajouter 3.200 à 5.700€ en fonction des Packs comportant les équipements de sécurité et de confort, sans oublier la peinture métallisée. Ce prix se situe environ 5% au-dessus de celui d’une BMW X1 et 5 à 7% inférieur à celui d’une Mercedes GLA ou Audi Q3. Nul doute que notre sympathique Tonale aura fort à faire face à cette meute teutonne et l’on ne peut que lui souhaiter bonne route pour le redressement d’Alfa Romeo. 🔵