ASTÉRIX ET LE GRIFFON… DIGNE DE SES CRÉATEURS

@ Charly

Que les esprits chagrins se rassurent, ce 39e opus de la série Astérix, le cinquième du duo Ferri-Conrad, est incontestablement dans la lignée de ceux des regrettés Goscinny et Uderzo. C’est aussi le tout premier publié après le décès d’Uderzo. C’est vrai qu’ici, les deux repreneurs de la série ont assaisonné la potion magique qui bouillait dans la marmite goscino-uderzonienne de tous ces ingrédients qui avaient fait la renommée de ces deux grands magiciens de la BD française.
À savoir des personnages secondaires savoureux au possible, des batailles homériques où ces stupides Romains en prenaient plein la tronche, des calembours de la meilleure veine, des noms de personnages d’un humour incroyable et dont certains affichaient les traits de grands noms de la littérature, de la politique ou de la musique. Tout cela enluminé par le crayon ravageur et superbement caricatural d’un Didier Conrad ayant non seulement saisi à merveille le trait d’Albert Uderzo, mais créant aussi, dans ce nouvel opus, des décors superbes, d’une méticulosité à couper le souffle.

TOUT DÉBUTE À ROME LORSQUE TERRINCONUS, le cartographe de César, lui présente Kalachnikova, une savoureuse guerrière sarmate capturée aux abords du Barbaricum. Ce vaste territoire situé loin à l’Est, là où les Romains ont arrêté leurs conquêtes. Et Terrinconus d’expliquer à César que cette prisonnière saurait les conduire au pays du griffon, cette créature mythologique mi-aigle, mi-lion aux oreilles de cheval. Un animal qui ferait merveille dans l’arène lors des jeux du cirque. Une aubaine pour César dont l’étoile commence à pâlir quelque peu.

AYANT VENT DE L’ENVOI D’UNE COLONNE ROMAINE ayant pour but de capturer le griffon, qui en fait est l’animal-totem de sa tribu sarmate, le chaman Cékankondine envoie un message à son pendant gaulois, le druide Panoramix. Cela afin qu’il vienne, accompagné d’Astérix et Obélix – sans oublier Idéfix – mettre à mal la soldatesque envoyée par César. Il faut savoir que chez les Sarmates, ce sont les femmes qui guerroient. Les hommes s’occupant des tâches ménagères et de la garde alternée des enfants.

LE MALHEUR VEUT QUE DANS CE FROID SIBÉRIEN, la potion magique ne résiste pas au gel. Ce qui la rend totalement inefficace. Du coup, Astérix va devoir ruser plutôt que d’aller au combat la fleur à l’épée. Le reste, je vous le laisse découvrir dans cet album que certains n’hésiteront pas à pointer comme étant le plus abouti du duo Ferri-Conrad. Et je pense qu’ils n’auront pas tort. Encore que, après un petit rodage, ces repreneurs aient déjà bien trouvé leurs marques.

JE NE PEUX RÉSISTER À L’ENVIE DE VOUS CITER quelques personnages aux noms évocateurs tels que les Romains Dansonjus, Jolicursus, Fakenius ou Terrinconus qui ressemble méchamment à Michel Houellebercq. Il y a aussi, chez les Sarmates, de noms  du genre Cékankondine, Maminova, Kastachopine, Barovomaltine… Il y a encore Idéfix qui s’émancipe et s’épanouit avec les loups. Bref, un ouvrage qui par rapport à un Western, se veut un Easten comme l’expliquait Didier Convard qui ajoutait, avec Ferri, que ce volume faisait la part belle aux fake news, au féminisme, à l’écologie, au complotisme (bonjour Mr Trump) et aux réseaux sociaux.  🔶

‘Astérix et le Griffon’, de Ferri et Conrad aux éditions Albert René

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