AU THÉÂTRE: LES BONNES SONT IMPUDIQUES…


@ Jessica

Comme à travers deux miroirs se faisant face, Les Bonnes et Le Balcon se reflètent à l’Infini; surgit alors une lecture des Bonnes à travers le prisme du Balcon et sa Maison d’Illusion, maison de plaisir, de jeu et d’extraversion. Cette vision offre de nouvelles perspectives à la manière de redécouvrir globalement l’acte théâtral.

MADAME SORTIE, LES BONNES DANSENT! L’une se dresse dans des parures de star, l’autre se replie dans une pauvre robe de service. Lorsque Madame revient, les deux sœurs ont décidé de lui administrer la tisane définitive, celle qu’on ne boit qu’une seule fois. Coup de théâtre et c’est incroyable: Madame doit rejoindre Monsieur, sorti de prison et qui l’attend au Bilboquet. Elle ne boira pas! Ainsi, dolente et singeant Madame, Claire intime l’ordre à son ainée, Solange, de lui donner à boire le mortel tilleul.

CLAIRE ET SOLANGE, LES DEUX BONNES, SONT COMPLÉMENTAIRES, mais alternées dans leur relation, tels des duos de clowns dont les rôles s’inverseraient. La dominée devient parfois dominante. En concurrence perpétuelle, comme le sont souvent des sœurs, elles s’humilient l’une et l’autre, se dénoncent, se trahissent, s’adorent et se haïssent. Leurs actes se dédouanent de la cohérence psychologique. Un mot en lance un autre pour le son, le rythme, l’allitération, ou le mot d’esprit.

LEURS CONFLITS LUDIQUES NOURRISSENT LEUR COMPLICITÉ. À deux, elles forment les tendances extrêmes de l’imprévisible. Le criminel et le saint osent alterner sans honte le morbide et la naïveté, la boutade et la jouissance, le désuet et le sacré, l’universel et l’anecdote.
Elles osent la défiguration la plus écœurante à la merci de leur came: jouer et être fantasque! Un jeu régressif et primal au service dʼun style très sophistiqué. Les bonnes sautent, trépignent, changent de robe, chantent des comptines, rêvent au laitier et dénoncent, se heurtent aux limites, se bousculent, se lamentent, se vengent, grimacent, se dandinent, rampent, mangent une tartine et sʼeffraient de se voir apparaître défigurées. La mise en scène veut creuser cette impudeur théâtrale.  

ICI L’HABIT FAIT LE MOINE. Lʼapparence donne la parole. La parole décline l’identité poétique… de belles panoplies réalistes et soignées comme au cinéma! Ici le monde de l’apparence n’accepte aucune concession pour opérer, pour jouer le jeu il faut y croire, se sentir à la hauteur, le temps d’une séance.  🔵

L’Infini Théâtre présente ‘Les Bonnes’ – Infos: www.infinitheatre.be
• 7 mars: Première, au Centre Culturel L’Écrin à Éghezée
• 10 et 11 mars: au Centre Culturel d’Amay
• 14-18 et 22-25 mars: au Studio Thor à Bruxelles
• 20 mars: au Centre Culturel de Mouscon
• 5 et 6 avril: au Palais des Beaux-Arts de Charleroi
• 21 avril: au W-Hall de Woluwe-Saint-Pierre

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