BESOIN DE QUELQUES BONS P’TITS THRILLERS… POUR FINIR VOS VACANCES?

@ Charly

Pour certains, les vacances commencent. Pour d’autres, même si elles sont terminées, vu les conditions climatiques annoncées, un transat au fond du jardin à l’ombre d’un arbre avec un bon polar à la main -et pourquoi pas un verre de Ricard!- n’est certes pas une mauvaise idée. Campus offre quelques (bonnes) idées de choix.

‘BULLET TRAIN’, DE KOTARO ISAKA AUX PRESSES DE LA CITÉ. Gare de Tokyo. Kimura monte dans le train à grande vitesse. Dans son sac à dos, une arme à feu. Sa cible? Un collégien qui a poussé son fils de 6 ans du haut d’un toit, le laissant entre la vie et la mort. Mais Kimura n’est pas le seul à être armé dans ce train. Parmi les voyageurs se cachent Citron et Mandarine, deux hommes de main d’un gangster dont le fils a été victime d’un kidnapping. Ils doivent récupérer l’enfant en échange d’une valise remplie de billets. On trouve aussi Nanao, un assassin chargé de récupérer ladite valise. Comme tout ce petit monde va se croiser dans les wagons du train, on se demande qui arrivera finalement à destination. Terrifiant et truffé d’humour, ce thriller à la sauce manga. D’autre part, cet ouvrage a conquis à tel point le cinéaste David Leitch, qu’il en a réalisé un long métrage qu’il décrit comme ‘une comédie physique’. Un film qui tourne actuellement dans toutes les salles de Belgique avec, d’après nombre de personnes, une interprétation tout bonnement fantastique de Bratt Pitt. Alors? Livre ou cinéma? Les deux!

‘LES ÂMES SOUS LES NÉONS’, DE JÉRÉMIE GUEZ CHEZ J’AI LU. Quand elle découvre que son mari est mort d’une balle en pleine tête suite à un règlement de compte, elle comprend soudain à quel point elle ne savait pas grand-chose de lui. D’autant plus quand son avocat lui conseille de rester à l’écart de cette affaire, insistant qui plus est pour qu’elle renonce à hériter de ce qu’il lui revient de droit… le quasi-monopole de la prostitution à Copenhague. Un empire que pensent se partager les commanditaires du meurtre. Alors que les choses semblent s’arranger, un vieux boxeur ayant travaillé pour son mari, refait surface. C’est vrai qu’il a promis à celui-ci qu’en cas de problèmes, il prendrait soin de sa famille. Elle et lui n’ont rien de commun, si ce n’est le souvenir d’un homme envers lequel ils veulent rester fidèles. Un roman noir qui percute. Des chapitres courts où il n’y a jamais un mot de trop. 160 pages qui désarçonnent et vont droit à l’essentiel. Un livre coup de poing.

‘LE TOMBEAU’, DE HJORTH & ROSENFELDT CHEZ BABEL NOIR. Ayant pris le mauvais chemin au cours d’un trek en montagne, Maria et Karin font la découverte d’un véritable charnier. Si la brigade criminelle pose rapidement des noms sur deux victimes évanouies dans la nature depuis dix ans, l’identification des quatre autres corps demeure une énigme. De quoi voir entrer en scène Sebastien Bergman, ce profileur peu sympa qui en est ici au troisième volet de ses enquêtes. Si un journaliste d’investigation va se pencher sur la disparition de nombreux réfugiés afghans, supposant donc un lien avec l’enquête, cela ne semblera aider en rien l’ami Sebastien en proie à bien d’autres tourments. Un ouvrage qui lève un voile sur une face cachée de la Suède, un pays où l’étranger est regardé d’un mauvais œil. Attention aux trois dernières lignes de ce thriller qui se veulent la rampe de lancement du T4: ‘La fille muette’ qui sortira bientôt… je l’espère.

‘LE BLUES DES PHALÈNES’, DE VALENTINE IMHOF CHEZ ROUERGUE NOIR. Nous sommes dans l’Amérique des années 1930. Celle de la prohibition, du suprémacisme blanc, de la misère qui a jeté des millions d’affamés sur les routes. Ce quand ils ne voyagent pas sous un train de ceux dont la conquête de l’Ouest a pavé le pays et qui mènent à présent jusqu’au Pacifique. Et cet horizon-là, celui de la Californie aux rivages prometteurs d’un avenir doré, est celui de deux hommes, une femme et un ado. Leur nom: Arthur, Milton, Nathan et Pekka. Quatre destins, quatre personnages qui ont en commun d’être, à leur corps défendant, des criminels. Fait du hasard, ils vont s’entrecroiser autour d’un moment unique qui va les réunir à jamais: l’explosion de la ville de Halifax en Nouvelle-Écosse, le 6 décembre 1917. La plus terrible dévastation causée par l’homme avant l’ère nucléaire. Une superbe reconstitution historique de cette Amérique de l’entre-deux-guerres, émaillée de faits souvent méconnus ou tout simplement surprenants. Une plume d’une extrême qualité pour nous décrire un roman noir de noir.

‘CAROLINA REAPER’, DE MORGANE MONTORIOL CHEZ ALBIN MICHEL. C’est l’histoire d’une famille recomposée et financièrement à l’abri de tout souci. Une famille qui vit dans cette incandescente ville de Savannah dans l’état de Géorgie. Lui, maire richissime de l’endroit, est porté aux nues par ses administrés. Mais il est redoutable et despotique en privé. Elle, sa compagne, est soumise et ne trouve pas sa place dans cette vie publique fastueuse. Son fils, hypersensible, se montre trop fragile pour marcher dans les pas de son père. Quant à sa belle-fille, cynique et surdouée au possible, son intelligence pourrait signer sa perte. En fait, dans cette famille, le secret agit tel venin, semant la mort et le chaos. Une intrigue qui commence sur les chapeaux de roue, qui se veut noire et méchamment tordue. D’autant plus que l’auteur, dont l’écriture puissante n’a pas son pareil pour piéger ses lecteurs. Ce qui nous offre un récit mordant, qui percute, saupoudré de cruauté, voire de sadisme, et où mensonges et duplicité sont bien évidemment de rigueur.

SI TU ÉTAIS LÀ’, ALAFAIR BURKE AUX PRESSES DE LA CITÉ. Soudain, d’un quai du métro new-yorkais, un ado tombe sur les voies. Mais pour le plus grand bonheur des navetteurs atterrés, il est sauvé in extremis par une femme mystérieuse. Présente lors de ces faits, la journaliste McKenna pense tenir le scoop de sa vie. Reste qu’en tentant d’identifier l’héroïne volatilisée comme par enchantement, elle met la main sur une vidéo où elle croit reconnaître une amie disparue dix ans plus tôt sans laisser de traces. Et de se lancer dans une enquête qui va, malgré elle, enclencher les rouages d’une affaire aux ramifications obscures. L’auteure adore égarer ses lecteurs. Enchaînements de pistes diverses, multiplication de personnages, d’où difficultés d’entrevoir le dénouement. Du coup, suspense de bout en bout, sans temps morts, et via des chapitres courts. Un régal!

‘JEU, SET ET MEURTRES’, DE KATY-LYNN CÉNAC CHEZ CITY. Celui-là, ça fait un petit bout de temps qu’il est sorti. Mais, l’ayant relu il y a quelques jours, je n’ai pu résister à l’idée de vous injecter une pincée de rires et d’humour dans toutes ces propositions noir de chez noir. Et c’est vrai que cette nouvelle enquête de Prudence Poivert, cette Miss Marple du Bordelais, est du genre où l’on ne s’ennuie guère. C’est drôle, mais aussi captivant dès la première ligne. Vivant dans le petit village de Supplicy-sur-l’Isle, Prudence à la drôle d’idée de s’inscrire dans un club de belote qui jouxte l’annexe de la maison de retraite. Un véritable nœud de vipères. À peine arrivée, que sa partenaire de cartes, Mlle Eugénie, est assassinée ! Comme le nouveau capitaine de gendarmerie conclut à un accident, Prudence, elle, hurle au meurtre. Du coup, sous la protection de son voisin Albert et de ses fidèles complices, elle décide de mener l’enquête. Pour elle ce sera jeu, set et… meurtre. Un cosy mystery de style anglais aux senteurs bordelaises. Assurément un excellent moment de lecture.

‘LE SIFFLEUR DE NUIT’, DE GREG WOODLAND CHEZ BELFOND NOIR. Nous sommes en Australie en 1966. Récemment installé à Moorabool, Hal, 12 ans, trompe son ennui en parcourant le bush. Ce jour-là, il fait une macabre découverte: le cadavre d’un chien affreusement mutilé. Arrivé lui aussi depuis peu dans la région, Mick Goodenough, ex-super flic à Sydney, se retrouve désormais à dresser des PV dans cette morne bourgade de Moorabool. Mais pour lui aussi tout va soudain changer lorsqu’un de ses chiens disparaît et qu’une vague de kidnapping d’animaux sévit aux alentours. Des bêtes toujours plus grosses. Des sévices toujours plus sophistiqués. Au-delà, et depuis plusieurs nuits, le téléphone se met à sonner chez Hal. Et lorsqu’on décroche, on entend une voix qui siffle les premières notes de: ‘Are You Lonesone Tonight’, le tube d’Elvis Presley. Ensuite, on raccroche. Le frisson est au rendez-vous. L’atmosphère se veut poussiéreuse et dépaysante. La moiteur oppressante. On est dans une époque où la violence sous toutes ses formes est permise. Plus encore et peut-être ici, celle qui se veut psychologique. Quant au dénouement, surdoué est celui qui l’aura vu venir.

‘JUNGLE POURPRE’, DE JULIE EWA CHEZ ALBIN MICHEL. Ce polar, redoutablement efficace, s’impose comme une traque mortelle dans les rues de Sumatra. Dea, onze ans, s’enfuit de chez elle et de la jungle indonésienne dans laquelle elle a grandi. Arrivée dans la ville de Kotanak, sur l’île de Sumatra, elle est recrutée par un groupe d’enfants des rues, les Anaks que protège le mystérieux Aron, recherché par la police. Alors que Dea se croit enfin en sécurité, une étrange maladie s’abat sur les enfants, entraînant plusieurs décès. De son côté, l’inspecteur Angka Zahara met tout en œuvre pour traquer les trafiquants de drogue du PPS. Ce faisant, il va croiser la piste des enfants. Du coup, son enquête va virer à une traque dans un pays où l’innocence est la plus chère des monnaies. Combien de temps reste-t-il à Dea avant de sombrer comme les autres? L’auteure, qui démontre une nouvelle fois que dans ses romans l’enfant occupe une place primordiale, stigmatise non seulement la violence faite aux femmes, mais également l’exploitation des mineurs via des gangs issus des mafias urbaines. Un grand moment de lecture édifiante.  🔶

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