CES BD… QUE VOUS AVEZ PEUT-ÊTRE MANQUÉES EN 2023

Avant de s’attaquer à la production 2024 qu’on lui annonce riche, Campus vous replonge dans l’année qui vient de s’achever afin de vous présenter l’une ou l’autre bande dessinée à côté de laquelle vous auriez pu passer. Et comme elles méritaient qu’on s’y attarde vraiment…

‘BERLIN 61’, DE PATRICK WEBER ET BAUDOUIN DEVILLE CHEZ ANSPACH.
VOICI DÉJÀ LE CINQUIÈME OUVRAGE consacré à Kathleen, cette hôtesse de la Sabena enfantée par Weber et Deville. Mais aujourd’hui, c’est dans un train que nous la retrouvons en compagnie de Gérard, son compagnon. Dans ce train qui les ramène à Bruxelles, Kathleen va faire la connaissance d’Annelore, une violoniste allemande qu’elle invite à se retrouver le soir aux voitures-restaurants.
OR, LE SOIR, ALORS QUE NOTRE DUO L’ATTEND, le train s’arrête brusquement, car quelqu’un a déclenché le signal d’alarme. Ayant un pressentiment, Kathleen part à la recherche de la musicienne. Si elle est devenue introuvable, elle a toutefois laissé son précieux violon dans sa cabine. Désireuse de lui restituer l’instrument, Kathleen part pour Berlin. Cela au moment même où s’érige ce mur immonde qui va séparer l’Est et l’Ouest. Et notre héroïne de se voir alors épiée par la Stasi. Un scénario bien ficelé et surtout bien documenté mis en exergue par cette ‘ligne claire’ chère à Joost Swarte et à Hergé. Dès lors, que demander de plus!

‘LES BIJOUX DE LA CASTAFIORE’, D’HERGÉ CHEZ CASTERMAN.
NON, NON. IL N’EST NULLEMENT QUESTION ICI d’une énième réédition du 21^e opus des aventures de Tintin. Il faut savoir qu’au début des années 1960, Hergé est un homme comblé. Son personnage est traduit dans de nombreux pays et la notoriété du papa de Tintin est grandissante. C’est aussi à cette époque qu’il se détache peu à peu de la BD pour s’intéresser à l’art contemporain. Ainsi, quand il s’attaque aux bijoux de la Castafiore, c’est pour le plaisir de bouleverser les codes. Et c’est vrai que cette nouvelle aventure de Tintin est sans doute l’une des plus commentées, car la plus inattendue.
MAIS AVANT DE CONCEVOIR L’ÉDITION DÉFINITIVE connue dans le monde entier, Hergé avait élaboré une première version publiée dans le journal Tintin et dont les originaux dormaient dans les archives depuis plus de 60 ans. Restaurés avec soin et minutie, ces documents permettent aujourd’hui de vous proposer l’album des ‘Bijoux’, tel qu’il est paru intégralement dans l’hebdomadaire Tintin entre 1961 et 1962. Une occasion pour les fanas de comparer les deux versions.

‘XIII TRILOGY JONES – AZUR NOIR’, DE TADUC ET YANN CHEZ DARGAUD.
VU LE SUCCÈS RENCONTRÉ AUPRÈS DES LECTEURS, Dargaud a décidé de prolonger le concept de ‘XIII Mystery’. Et ce en réalisant des mini-séries de trois albums centrés sur un seul et même personnage. Aujourd’hui et sous le titre générique de ‘XIII Trilogy’, c’est le major Jones, apparu dans le T3 de ‘XIII Mystery’ qui devient la tête d’affiche de cette nouvelle mini-saga.
ENTRE LA JEUNESSE DE JONES RETRACÉE DANS Little Jones, et ses faits d’armes racontés dans la série de Van Hamme et Vance, il restait des zones d’ombre à explorer dans sa vie mouvementée. Il fallait bien une trilogie, signée par Yann et Taduc, pour lever le voile sur le destin de cette femme pas comme les autres. Jones est élève officier à l’école de la Navy de Patuxent River où elle doit réussir les dures épreuves de l’entraînement au pilotage de plusieurs types d’appareils volants, ainsi que le rigoureux apprentissage des techniques de close-combat dont on sait qu’elle deviendra experte, mais dont on découvrira la difficulté.
EN PARALLÈLE, SON FRÈRE MARCUS S’EST ÉVADÉ d’un pénitencier en compagnie de deux dangereux activistes amérindiens. Il accompagne ces derniers qui viennent de s’emparer de l’îlot d’Alcatraz et défient les autorités américaines en exigeant l’obtention de Droits civiques. Ils ont pris en otage une centaine de sympathisants naïfs venus apporter leur soutien à la cause indienne, et introduit un véritable arsenal sur Alcatraz. Ils sont prêts à déclencher un bain de sang pour parvenir à leurs fins. De quoi provoquer une intervention des ‘Spads’ du général Ben Carrington, qui se trouve être le tuteur d’une certaine sous-lieutenante bien connue des lecteurs de XIII. On mettra largement en exergue le dessin de Taduc qui sert  merveille un scénario bien dans le style de Yann.

‘LE PARIS DES MERVEILLES – LES ENCHANTEMENTS D’AMBREMER T2/2’, DE PEVEL & WILLEM CHEZ DRAKOO.
SUITE ET FIN DE L’ADAPTATION EN DIPTYQUE BÉDÉISTIQUE d’un roman de Pierre Pevel par un Etienne Willem dont le crayon magique, plein d’un dynamisme fou, fait tout bonnement merveille. Pour rappel, dans le tome 1, le lecteur avait fait la connaissance de Louis Denizart Hippolyte Griffont, un monsieur bien mis de sa personne, à la fois mage et gentleman. Un homme chargé de démasquer un tricheur usant de magie pour écumer un élégant cercle de jeu du Paris du tout début des années 1900. Toutefois, ce faisant, il allait se trouver plongé dans une affaire impliquant l’OutreMonde, tout en assistant également au retour d’une séduisante fée renégate, espionne et cambrioleuse à ses heures.
AUJOURD’HUI EN DANGER DE MORT, NOTRE MAGE GENTLEMAN DÉTECTIVE, qui doit absolument tirer cette affaire au clair, va devoir, pour le meilleur et pour le pire, bénéficier de l’aide de cette séduisante fée renégate, espionne et cambrioleuse de haut vol qu’est Isabelle de Saint-Gil. ‘Les Enchantements d’Ambremer’ est une série envoûtante, mêlant magie, mystère, et touche d’aventure, le tout dans le cadre de la Belle Époque parisienne. Découvrez ce monde captivant dès maintenant et laissez-vous emporter par l’histoire palpitante de Griffont et Isabel. Un univers inventif et fantasy porté par le dessin d’un Etienne Willem qui nous émerveille.

‘LUCKY LUKE – LES INDOMPTÉS’, DE BLUTCH CHEZ LUCKY COMICS.
LE PREMIER DÉCEMBRE 2023, MORRIS, LE PAPA DE LUCKY LUKE, aurait eu cent ans. L’occasion pour Blutch, l’auteur notamment de ‘Vitesse  moderne’ et non des ‘Tuniques Bleues’, d’y aller d’un hommage à celui dont il a toujours admiré le talent graphique, et qui fut sans nul doute à l’origine de son désir de devenir un jour dessinateur. Au-delà de Morris, Blutch se régalait des scénarios que Goscinny tissait avec une incroyable minutie pour son ami Morris. D’où son souci de s’inspirer ici du talent et surtout de l’humour et du sens des mots et du gag qui étaient l’apanage de celui qui allait devenir, avec Albert Uderzo, le papa d’Astérix.
SOUS LE CRAYON D’UN BLUTCH, QUI ENTEND ICI COLLER au plus près au travail réalisé à l’époque par le duo Morris-Goscinny, notre cow-boy qui tire plus vite que son ombre aspire enfin au repos. Sauf que, chemin faisant, il se voit menacé par le fusil que tient une gamine qui lui ordonne de mettre les bras en l’air et de garder ses mains éloignées de sa quincaillerie. Reste que notre héros va reprendre les choses en main et découvrir que la gamine vit seule avec son petit frère dans une cabane isolée. Quant aux parents, ils se sont fait la malle en emportant avec eux le magot d’un braquage.
MAIS COMME ILS N’ÉTAIENT PAS SEULS POUR RÉALISER CE FORFAIT, le reste de la bande est lancée, comme le sera bientôt Lucky Luke, à leur poursuite. Du Lucky Luke comme on l’aimait du temps de sa splendeur, faisant le coup de poing à défaut du coup de feu, dans un récit hilarant et totalement inattendu. Un véritable coup de maître pour Blutch, Grand Prix d’Angoulême et virtuose du neuvième art. Un petit bijou graphique et scénaristique dont on ne finit pas de se régaler.  🔵

Fév 2024