ESSAI ALFA ROMEO JUNIOR ELETTRICA SPECIALE 156… NE M’APPELEZ PLUS 'MILANO'
@ Paul Verdbois
Incontestablement, le lancement de la première Alfa Romeo avec une version 100% électrique ne fût pas de tout repos pour les dirigeants de la marque au Biscione. L’on a pu assister à un véritable charivari avec une levée de bouclier de la part, tant du monde politique italien que des médias et du grand public. Donner le nom de la capitale de la Lombardie, qui plus est la ville où Alfa Romeo a vu le jour à une voiture… fabriquée en Pologne? ‘Non è possibile!’ Du coup, les dirigeants d’Alfa Romeo se sont vu obligés de changer leur fusil -ou plutôt le nom de leur nouveauté- d’épaule et ont ressuscité une dénomination datant des années 50-60, la Junior… par ailleurs loin d’être antipathique.
LA PLUS ITALIENNE DE LA FAMILLE STELLANTIS. Incontestablement, notre Alfa Romeo Junior distille un caractère sportif nettement supérieur à ses cousines avec sa calandre triangulaire reprenant en son milieu le logo triangulaire Alfa en négatif baptisé ‘Scudetto’, encadré par des feux au design sportif des plus dynamiques. Les flancs, tout en rondeurs ne font qu’accentuer ce dynamisme couronné par un sympathique spoiler de toit et trois fines bandes de LEDS faisant office de feux arrière. Bien perspicace celui qui pourrait deviner la parenté avec une Opel, Fiat, Peugeot, Citroën ou autre Jeep. En clair, une parfaite réussite esthétique!
MAIS TECHNIQUEMENT, UNE VRAIE STELLANTIS. Techniquement, cette Junior a tout d’une Stellantis et partage sa plateforme e-CMP, son moteur de 156 chevaux et sa batterie de 54 kWh avec une kyrielle de modèles du conglomérat franco-italien comme les Peugeot e-208, e-2008, e-308, les Opel Corsa, Astra, Moka, la Fiat 600, la Jeep Avenger. Caractère Sportif de la milanaise oblige, tant la direction que le châssis et suspensions ont été revus afin de leur conférer un caractère en accord avec la philosophie Alfa Romeo. Notons que notre lombarde (et un peu polonaise) se décline également en hybride 1.2 L de 136 chevaux et en électrique de pas moins de 280 chevaux (Veloce) malheureusement équipée de la même batterie que notre exemplaire.
UN CROSSOVER COMPACT. Alfa Romeo insiste sur le terme de Crossover, en clair, un SUV compact sur base d’une berline citadine. Avec une longueur de 4,17 m, une largeur de 1,78 m et une hauteur de 1,53 m la Junior se positionne en effet dans le monde des compactes. Si à l’avant, l’habitabilité ne mérite que des éloges, à l’arrière mieux vaudra ne pas dépasser les 1,80 m mais heureusement la hauteur sous pavillon compense le manque de rayon genoux. On saluera le volume de 400 L offert par le coffre même si sa partie basse est occupée par les câbles de recharge vu qu’il n’existe pas de coffre avant.
Notre Junior offre cependant à ses passagers un confort plus que correct. Comme toute électrique, le silence est de rigueur… sauf en cas de forte accélération où l’on a droit un sympathique accompagnement de ronronnement généré par l’informatique. Même si les suspensions ont été ‘revigorées’ par rapport aux autres rejetons Stellantis, elles sont loin de provoquer l’inconfort d’autant plus que notre exemplaire bénéficiait en option de superbes sièges baquets Sabelt qui maintiennent parfaitement le corps… moyennant une certaine fermeté.
FINITION ET ÉQUIPEMENT CORRECTS… MAIS SANS PLUS. Il va de soi qu’Alfa Romeo a nettement voulu se démarquer de ses cousines Stellantis et a réussi sa démarche… mais pas totalement.
Certes, la finition fait un bond en avant mais l’on regrettera la présence de plastics durs et ici et là de boutons poussoirs plutôt bas de gamme. Par contre, les sièges, le bas du tableau de bord ainsi que les côtés de la console centrale recouverts d’alcantara rencontrent nos suffrages.
Le tableau de bord face au conducteur, paramétrable, rappelle ceux que l’on trouvait dans les Alfa des années 60. Au centre, un sympathique écran de 10,2’’, tourné vers le conducteur, regroupe GPS, info-divertissement et réglages divers. Si son ergonomie réclame un certain temps d’adaptation, comme pour la plupart des véhicules actuels, l’on retiendra l’excellence du GPS, qui inclut un performant planificateur d’itinéraire des plus utiles pour une voiture électriques. Autre point positif, les touches situées sous l’écran qui commandent le chauffage-climatisation. Soulignons également la présence sur la console centrale de prises USB-A et USB-C. Il est cependant étonnant que des équipements tels que la caméra avant et la vision 360° soient aux abonnés absents et que d’autres, même sur notre version haut de gamme, comme les rétros électriques et chauffants et les capteurs avant et arrière soient uniquement présents sous forme d’options. On regrettera également l’absence de palettes de réglage de la récupération d’énergie et de l’intensité du ralentissement.
BRAVO PAR CONTRE POUR LA PRÉSENCE DE LA POMPE À CHALEUR. Les aides à la conduite ne manquent pas et notre finition ‘Speciale’ bénéficiait de la conduite semi- autonome de niveau 2 avec régulateur de vitesse adaptatif et maintien dans la voie. Comme sur de nombreuses voitures, certaines de ces aides à la conduite sont trop intrusives. Certes, l’on peut leur ‘clouer le bec’ via de tortueux voyages dans les menus mais cela, après chaque démarrage.
SUR LA ROUTE… LA DOLCE VITA. Certes avec 156 chevaux et le 0 à 100km/h en 9 secondes et une vitesse de pointe limitée à 150 km/h la Junior n’a pas vraiment de prétentions ultra sportives, tout en pouvant satisfaire l’immense majorité des conducteurs. Cependant grâce aux réglages de son châssis et de ses suspensions, à sa direction précise et incisive mais aussi à son poids plutôt limité pour une électrique (1.560 kg), conduire cette Junior est un vrai régal. Hormis un léger roulis en cas d’abus, elle obéit au doigt et à l’œil et les petites routes sinueuses constituent son terrain de jeux favori tout en offrant un excellent compromis entre dynamisme et confort. En clair, même si ses consœurs de Stellantis ne méritent guère de critiques quant à leur comportement routier, notre ‘milano-polonaise’ s’en démarque nettement par ses gènes que l’on peut qualifier de sportifs bien dans la philosophie Alfa Romeo. Trois programmes de conduite sont proposés: Natural que nous avons sélectionné pratiquement exclusivement; Dynamic, le programme sportif, très agréable mais qui occasionne une consommation assassine et Efficiency, le programme économique qui coupe un peu les ailes de la Junior.
RECHARGE ET AUTONOMIE. Si la Junior bénéficie heureusement d’un chargeur 11 kWh l’on ne peut que froncer les sourcils en découvrant que pour la recharge rapide, elle est limitée à 100 kWh ce qui est loin d’être généreux. Pour une recharge totale sur prise domestique comptez ± 24h, sur une borne de 11 kWh, 4h45. Sur borne rapide il vous faudra patienter près de 30 minutes pour passer de 20 à 80% de charge.
L’autonomie des VE demeure évidement leur point faible. Alfa Romeo revendique pour sa Junior électrique une autonomie de 410 km. En ville, nous avons constaté une consommation de 14,5kWh soit une autonomie de 350 km, sur route nationale l’autonomie est descendue à 310 km avec une consommation de 16kWh. Comme d’habitude, l’autonomie sur autoroute est bien éloignée de celle revendiquée par le constructeur, car elle s’est limitée à 220 km vu une conso de 23kWh à une vitesse moyenne de 94 km/h. Signalons cependant que lors de notre essai, la température n’a pas dépassé les 5°. L’autonomie est donc loin de constituer le point fort de la Junior Elettrica.
QUANTO COSTA? Au chapitre des finances, comparé au prix de ses principales concurrentes, et malgré son positionnement plutôt Premium, l’Alfa Romeo Junior Elettrica Speciale, sans être bradée, ne fait pas payer trop cher le ‘Biscione’. Notre Speciale s’affiche à 40.170 € et la finition de base à 38.710 €. On n’oubliera pas de mentionner la version 1.2 hybride de 136 chevaux que l’on peut acquérir à partir de 29.200 €. Pour les vrais sportifs, moyennant 47.710 €, il existe la version électrique dotée de pas moins de 280 chevaux mais si vous souhaitez vraiment en profiter sur autoroute, vous ne parcourrez guère plus de… 100 km. Notre exemplaire était enrichi de trois options pas vraiment soldées: la peinture métallisée avec toit noir (1.500 €); le pack Sport comportant les sièges baquets Sabelt (2.500 €) ainsi que le pack tech special (1.500 €). Au total, la facture s’élevait à 46.210 €.
Certes cette Alfa Romeo Junior Elettrica n’est pas parfaite mais elle est ‘méchamment’ attachante et séduisante.
Fév 2025