LE WESTERN DANS LA BÉDÉ… TRAVERSÉE DE L’OUEST AMÉRICAIN

@ Charly

Qui dit western dit Amérique, Indiens, cowboys, conquête de l’Ouest, règlements de comptes, colts, winchesters, arcs, flèches, chevaux, tipis, squaws, saloons, scalps, ruées vers l’or, Buffalo Bill, Sitting Bull, Butch Cassidy, Crazy Horse, Billy The Kid, Black Hawk, Wild Bill Hickok… Qui dit western, parle aussi des dessinateurs et du cinéma américains qui furent les premiers à recréer toute cette période faite de furieuses chevauchées et de coups de révolver dans des films et des magazines bédés.

AUJOURD’HUI, COMME IL LE FERA ENCORE POUR L’AVIATION, Campus a fait le tour des maisons d’édition qui, cette année, nous ont offert des bédés ayant succédé à celles de ces pionniers que furent, chez nous, le Jim Boum de Marijac en 1931 dans Cœurs Vaillants, Red Ryder de l’Américain Fred Harman en 1939 dans Spirou, le Jerry Spring de Jijé, lui aussi dans Spirou ou encore, mais en 1963, le Blueberry de Charlier et Giraud. Au-delà, il y a eu aussi et peut-être surtout, les westerns spaghettis de Sergio Leone qui ont inspiré une foule de dessinateurs. Petit tour des westerns parus ces derniers temps.

EN 2017, CHEZ DELCOURT, MACAN ET KORDEY, avec ‘Marshal Bass’, se lançaient dans une saga retraçant les aventures du premier marshal afro-américain chevauchant dans l’Ouest. Saga qui se situait durant la période la plus troublée du western. Celle de la seconde moitié des années 1870. Une série ayant pour fil rouge l’histoire de River Bass, un héros qui sera bien seul pour faire appliquer la loi. Aujourd’hui, celui qui fut esclave affranchi, ancien soldat, ancien vagabond, fermier, père de famille et désormais marshal, en est à son huitième album: ‘La mort misérable et solitaire de Mindy Maguire’. Un ouvrage où il est à la recherche de cette Mindy, une femme qui a assassiné Bernhardt le Puant. Mais Bass n’est pas seul à vouloir la retrouver. À épingler le superbe univers graphique d’Igor Kordey.

AVEC ‘NEVADA’, TOUJOURS CHEZ DELCOURT, le lecteur a découvert un autre cavalier solitaire, mais qui, vu l’époque -les années 1920-1930- chevauche un destrier à… deux roues. À cette période, la ruée vers l’Ouest n’est déjà plus qu’un souvenir que l’on peut désormais voir sur grand écran grâce à l’industrie naissante d’Hollywood. Nevada Marquez lui, est justement chargé par Hollywood de missions improbables à la frontière américano-mexicaine. Débutée en 2019, cette série en est à son troisième album. Dans ce nouvel opus, intitulé ‘Blue Canyon’, Nevada doit accompagner à travers la réserve navajo un acteur qui doit rejoindre le tournage d’un nouveau western, mais qui veut tout d’abord apprendre à bien maîtriser un cheval. Mais ce que Nevada ne sait pas, c’est que la star en question a une grosse dette de jeu et que la mafia est à ses trousses. Outre un scénario bien ficelé, on reste sous le charme du trait et des découpages de Colin Wilson.

CHEZ DUPUIS, LE WESTERN POURRAIT ÊTRE CONSIDÉRÉ comme une religion avec des héros culte tels que Lucky Luke (30 titres), Les tuniques bleues (64), Chinaman (9), Jeremiah (39), et maintenant cette série Wild West mise dans les mains du duo Gloris-Lamontagne, et débutée en janvier 2020. C’est du lourd. C’est cruel, dur, violent. Mais le dessin hyper maîtrisé de Lamontagne, tout simplement superbe, vaut à lui seul l’achat des albums de cette série qui vient de voir arriver chez les libraires le n°3 intitulé ‘Scalps en série’. En état de légitime défense Wild Bill a abattu Beau Cerf, l’époux indien de Calamity Jane, qui, recueillie par Charlie Utter, se noie désormais dans l’alcool. Malgré cela, elle n’a qu’une idée en tête: venger la mort de son époux.

CAMPUS NE PEUX PAS PASSER SOUS SILENCE ce ‘Dernier Souffle’ que nous propose Thierry Martin chez Noctambule. Avec lui, nous allons suivre la traque obsédante et silencieuse menée par un homme animé du souffle de la vengeance. Une traque aux multiples rebondissements dont les plus terribles prédateurs ne seront peut-être pas ceux qu’on imagine. Un western haletant né sur Instagram, un défi scénaristique et graphique remarquablement maîtrisé, présenté qui plus est dans un écrin d’une belle élégance. Un western sans la moindre parole, dans un format à l’italienne, avec une seule image figurant dans chacune de ses 216 pages où le gris bleu se le dispute avec le noir et le blanc. Un ouvrage qui impressionne par sa puissance.

AU LOMBARD, NOUS AURIONS DÛ PARLER ici du Duke, des Hermann père et fils, mais cela a été fait dernièrement lors d’un arrêt prolongé chez cet éditeur bruxellois – cf. campus.be onglet ‘Books’ -. Duke, qui n’est pas le seul cowboy que propose ‘Le Lombard’. Ainsi, autre invité du moment, un cavalier solitaire et sans nom, dont le titre de sa série porte le nom de ‘Lonesome’. Un héros enfanté par Yves Swolfs qui redevient ici auteur complet. Du coup, avec ce nouveau redresseur de torts solitaire, c’est l’atmosphère de ‘Durango’, son mythique pistolero armé d’un Mauser C96 que l’on va retrouver. Dans le milieu des années 1800, ce pistolero débarque à New York afin de retrouver le commanditaire de l’assassinat de sa mère. Gros problème pour lui, il ne savait pas que dans cette ville, le port des armes était totalement interdit. D’où son interpellation par la police… L’occasion pour le lecteur de découvrir, dans ces ‘Liens du sang’, un New York en plein développement. On attend la suite avec une impatience non dissimulée tant le dessin de Swolfs atteint les sommets du réalisme. Et que dire des coloris de son épouse?

EN JANVIER DE CETTE ANNÉE, CHEZ VENTS D’OUEST, une héroïne en jupon, créée par Charlot et Fourquemin, venait prendre place dans la galerie de la BD western. Son nom: Isabelle Talbot, alias Molly West. Cette nouvelle série, qui se passe juste après la guerre de Sécession, vient de voir débarquer un second volet intitulé ‘La vengeance du diable’. Pour rappel, Molly est originaire des États du Nord. Or, venue aujourd’hui s’installer dans le Sud à la suite de la mort de son fils tué dans les dernières heures de cette guerre, il est certain qu’avec ses manières raffinées et courtoises elle dénote dans l’atmosphère rude et crasse des villages texans. Un Texas où elle est désormais reconnue comme hors-la-loi. Pourtant, aujourd’hui, elle bien décidée de monter une bibliothèque itinérante ouverte exclusivement aux femmes. Ce qui, dans ces régions reculées, leur facilitera l’accès à la culture. Reste qu’elle devra faire face à l’opposition farouche du Major Hood qui semble vouloir s’accoquiner avec ce ku-klux-klan qui en est à ses balbutiements. On appréciera le dessin semi-réaliste de Xavier Fourquemin qui sert à merveille le scénario d’un Philippe Chariot qui s’attaque ici au racisme, à la violence et à l’injustice.

EN OCTOBRE 2019, LE WESTERN FAISAIT SA JOYEUSE ENTRÉE CHEZ SOLEIL avec une série au nom particulièrement évocateur: ‘West Legends’. Une série où chaque album, tel un one-shot, est mis aux mains de scénaristes et dessinateurs différents. L’idée: évoquer à chaque coup une figure célèbre du Far West. Aujourd’hui, après ‘Wyatt Earp’,’Billy The Kid’, ‘Sitting Bull’, ‘Buffalo Bill’ et ‘Wild Bill Hickok’ voilà qu’est arrivé en librairies le T6 dédié à ‘Butch Cassidy’. Le Wild Bunch de Cassidy terrorise la région depuis trop longtemps. Un avis de recherche avec une récompense de 3.500 $ a été posé sur la tête du malfrat, mort ou vif. Ce qui va attirer bon nombre de chasseurs de primes. Ce soir-là, dans un relais, deux d’entre eux semblent être tombés sur une partie de la bande. Cassidy vit-il ses dernières heures? Au-delà d’un excellent scénario signé Bec, on épinglera le dessin de Suro qui aime s’attarder sur ces petits détails qui mettent en exergue la qualité de son graphisme.

CHEZ GLÉNAT, AVEC LES AVENTURIERS DU TRANSVAAL on quitte l’Ouest américain pour la République d’Afrique du Sud avec les Boers et les Zoulous comme personnages centraux. Aujourd’hui, ‘Les Rescapés de Bloemfontein’ marque la fin de ce triptyque débuté en août 2018. Une minisérie à travers laquelle on suit les aventures d’un groupe d’aventuriers à la recherche d’un trésor mythique lié à la Seconde guerre de Boers. Il y a Pit, ex-officier de la cavalerie américaine, Ortzi, anarchiste basque, Paul Kruger, président en exil de la République du Transvaal et Marleen, farouche amazone boer. Grands espaces, magie zouloue, attaques de trains blindés et furieuses chevauchées sont au rendez-vous de ce western atypique. Aujourd’hui, nos aventuriers découvrent enfin l’or de Kruger. Mais attaqués par Rex Sullivan et ses hommes, ils sont traînés de force vers un camp de prisonniers. Une histoire furieuse et trépidante, menée tambour battant par le dessin très maîtrisé de Bernard Kollé. Une histoire qui devrait connaître un autre cycle.  🔴

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