LOTUS, ENTRE SACRILÈGE ET SURPRISE, LE CŒUR ET LA RAISON S’HARMONISENT
@ Sabrina Parant
Quand on imagine conduire une Lotus, les premières images qui nous viennent sont celles d’une voiture basse, ultra légère, peu confortable, jaune et au charme anglais incomparable.
Oublions tout cela; aujourd’hui, Lotus s’attaque à un autre segment, le SUV. ‘Light is Right’ prend donc un nouveau chemin. La petite britannique créée en 1948 a été rachetée par le géant chinois Geely qui a pour ambition de donner un nouveau souffle. Et cette Eletre se retrouve effectivement bien corpulente par rapport à ses aînées.
PRISE DE POIDS. Pour renforcer sa présence (et ses chiffres de vente) sur le marché automobile, l’équipe a planché sur ce modèle en le raccordant à la prise et en lui filant beaucoup de kilos supplémentaires. L’Eletre, sur la balance, cela donne 2,6 tonnes pour une longueur de 5,10 m et une largeur de 2,23 m. Catégorisée comme ‘Hyper-SUV’, une version R est gonflée à 675 kW, soit 918 ch. et 985 Nm. Pour cet essai, nous avons la version S avec un moteur électrique qui s’envole à 450 kW, l’équivalent de 612 chevaux et un couple de 710 Nm.
Et en parlant de s’envoler, notons le travail remarquable sur les canaux d’air. Cette carrosserie s’aère via les ailes avant et arrière, par sa calandre dite en ‘nid d’abeilles’, le diffuseur et aussi par son capot. Un atout considérable pour le Cx qui, grâce à son petit 0,26, permet un excellent résultat en matière d’aérodynamisme et impacte donc positivement sa consommation. Sa batterie lourde de 665 kg avec une capacité nette de 109 kWh se situe dans le plancher, au centre de l’empattement et contribue à bien tasser le molosse. En y ajoutant une direction précise et des amortisseurs talentueux, la sensation de conduite est très agréable et vous donnera envie de circuler tant en ville que de manger du bitume sur de longues routes.
Il faudra recharger, bien évidemment, et cela tous les 490 km suivant le WLTP en cycle mixte avec une consommation évaluée à 25,5 kWh/100km. Ayant un peu sollicité la bête, je suis arrivée à une consommation moyenne affichant 15% de plus. La puissance maximale de charge est de 350 kW, ce qui permet selon le constructeur de passer de 10 à 80% en 20 minutes mais le réseau belge actuel ne permet que trop peu cette vitesse de recharge.
STYLE. Les lignes de sa carrosserie sont définies par ses ouvertures et c’est agréable à l’œil. Cela sera probablement moins agréable pour les doigts lorsqu’il faudra la shampouiner. Elle est sculptée telle une voiture de sport prestigieuse avec une face avant des plus réussies. Validée!
À l’intérieur, le charme opère aussi. Son habitacle offre un espace et un confort généreux. La qualité des matériaux et la finition soignée sont au rendez-vous mais c’est la planche de bord futuriste qui m’a le plus charmée ainsi que l’utilisation de la suédine qui feutre l’ensemble. Des palettes au volant pour certaines commandes et modes de conduite (Tour, Range et Sport), derrière celui-ci un écran multifonction couplé à un ‘Head-Up Display’ des plus pratiques. Et vous retrouvez une tablette centrale de 15,1 pouces, un bandeau d’affichage pour le passager et un écran à l’arrière. Bref, tout y est, c’est complet et ergonomique!
Vous serez surpris par le calme ambiant conféré par la très bonne insonorisation. Pour émettre un bémol, j’ai été ennuyée par le manque de visibilité sur l’écran central lorsque le soleil pointe le bout de ses rayons.
Geely a changé de répertoire et fait oublier la conception chinoise souvent décriée. Cette Lotus mérite une étiquette haut de gamme sans doute grâce au travail du centre de design de Coventry et aux contributions de plusieurs centres allemands. Cette qualité de prestation se transformera sur votre bon de commande à partir de 124.090€, frais de mise en route compris. Le modèle essayé comporte un bon nombre d’options pour un total de 167.300€.
CONCLUSION. Pour continuer à exister, il faut savoir se réinventer et cela ne se fait pas sans choquer. Les puristes (ndlr ceux pour qui rien n’est mieux que ce qui a construit l’ADN) auront du mal à s’acoquiner avec cette nouveauté. Mais les enjeux économiques actuels sont bel et bien là. Même si un tel virage peut être critiqué, il se doit aussi d’être salué. Lotus ose pour perdurer. Les premiers résultats de vente lui donnent raison et j’en suis bien heureuse, pour la marque et pour notre secteur. Son poids, sur papier, peut refroidir mais à conduire, il vous fera (vite) oublier les chiffres car la Lotus Eletre se balance avec facilité et plaisir. Depuis son lancement, elle a parfois été affublée du sobriquet de pachyderme mais prendre son volant vous fera alors vivre l’expérience d’un éléphant dans un magasin de porcelaine car la bête est agile et sophistiquée. Lotus surprend positivement avec cette Eletre. 🔵
Quelques chiffres supplémentaires:
Volume du coffre: 688 L et un frunk de 46 L
0 à 100 km/h: 4,5 secondes pour la S et 2,95 pour la R
Vitesse maximale: 250 km/h
Jantes de 20’’
Disponible en 5 coloris
Système audio KEP Premium avec 15 HP (23 sur la version R)
Nombre de capteurs, radars et caméras: 34
Garantie et assistance: 5 ans et 150.000 km (batterie: 8ans/200.000km)
Mar 2024