PETIT TOUR DU CÔTÉ DE CHEZ DARGAUD… AVEC AUSSI L’ARRIVÉE D’UNE COLLECTION POCHE

@ Charly

Campus continue sa tournée des maisons d’édition ‘es BD’. Son but: retrouver des albums qui à l’époque de leurs sorties n’ont pas été présentés sur campus.be. Aujourd’hui, c’est la maison Dargaud qui nous a permis de fouiller dans ses stocks afin de retrouver ces ouvrages ‘zappés’ pour des raisons d’alternance. Dargaud qui en juin, à l’image de Futuropolis et Casterman, vient de lancer au prix de 9,50 €, une ‘Collection Poche’ comprenant 9 titres. C’est non seulement super vu le prix, mais pratique notamment pour tous ceux qui utilisent les transports en commun sur de longs trajets.

‘PABLO-INTÉGRALE’, DE BIRMANT ET OUBRERIE. Voilà l’un de ces neuf ouvrages lancés en édition de poche par Dargaud. On y découvre un jeune artiste peintre espagnol d’une vingtaine d’années, qui débarque dans le Paris des années 1900. Véritable génie en avance sur son temps, il se lie d’amitié avec des poètes comme Guillaume Apollinaire ou encore Max Jacob. Il fréquentera aussi le Bateau-Lavoir, cette cité qui se voulait le refuge d’artistes en tout genre. Ce sera durant cette période que Pablo va faire la rencontre de son premier grand amour, Fernande Olivier. Une jeune femme libre et sans attaches qui va en fait être la personne qui, dans cet ouvrage, nous raconte Pablo avant qu’il ne devienne Picasso. Tout cela dans le Montmartre bohème qui préside à la naissance de l’art moderne, et où la rivalité de Picasso avec Matisse sera des plus féroces. J’ai beaucoup apprécié le dessin d’Oubrerie qui n’a pas son pareil pour nous restituer avec un trait expressif, les décors d’époque.

‘LA CONFÉRENCE’, DE MAHI GRAND D’APRÈS UNE NOUVELLE DE KAFKA. Imaginez un singe qui après sa capture, a connu une incroyable métamorphose puisque, de condition de singe qu’il était, il est désormais devenu un homme. Ou presque ! Un fait inimaginable qui va le voir aujourd’hui invité à l’Académie des sciences afin de raconter, devant un parterre d’académiciens totalement incrédules, le cheminement de sa transformation. Déjà sur le bateau qui l’amenait d’Afrique -lieu de sa capture- en Europe, traumatisé par les barreaux de sa cage, il tentait d’imiter les gestes de l’équipage, apprenant également à boire du rhum et à fumer la pipe. Il se mettra aussi à parler, ce qui fera de lui un artiste de music-hall très demandé. Il n’empêche que sa transformation, il la présente comme étant un choix volontaire afin d’échapper à la captivité. Efficace au récit par le sujet qu’il aborde, Mahi l’est tout autant par son dessin et les coloris qu’il utilise dans cet album où mélancolie et humour côtoient douleur et autodérision.

‘JOURNAL INQUIET D’ISTANBUL T1’, D’ERSIN KARABULUT. L’auteur, dessinateur de presse et caricaturiste, rédacteur en chef d’un magazine satirique et par ailleurs créateur de bandes dessinées, nous livre la première partie d’une autobiographie grave et drôle tout à la fois, et qui se présente comme un manifeste pour la liberté d’expression, la liberté de la presse et la liberté de la pensée. S’il nous conte son histoire, et plus spécialement son envie de devenir dessinateur, il nous raconte également celle de son pays, la Turquie. Tout cela sans la moindre concession. Ni pour lui ni pour sa Turquie entraînée par différents régimes passant d’autoritaires à extrémistes. Son scénario fluide, précis et simple, est porté par un graphisme tout bonnement d’exception qui joue comme à ravir avec caricature et réalisme. Tout cela sans oublier les coloris qui fluctuent selon l’ambiance du moment et des découpages pour le moins peu habituels. Avec ce premier volume passionnant au possible, et qui se veut tout simplement une réussite totale, l’attente de la suite de ce triptyque n’en est que plus intense.

‘BLACKSAD, ALORS TOUT TOMBE ½’, DE CANALES ET GUARNIDO. Voilà huit ans que John Blacksad n’avait plus donné de ses nouvelles. Du coup, et pour la première fois, ses auteurs nous proposent un diptyque pour saluer son grand retour. Chargé de protéger le président d’un syndicat infiltré par la mafia à New York, John Blacksad va mener une enquête qui s’avérera particulièrement délicate et riche en surprises. L’occasion de découvrir à la fois le quotidien des travailleurs chargés de la construction du métro dans les entrailles de la ville, mais également la pègre et le milieu du théâtre. En fait, le contraste absolu entre l’ombre et la lumière, le monde d’en bas et celui d’en haut incarné par l’ambitieux Solomon, maître bâtisseur de New York. Force est de reconnaître que le plus félin des détectives privés est toujours en pleine forme. Comme à sa bonne habitude, Canales nous offre un scénario soigné et tout en précision, alors que le trait de Guarnido, toujours aussi expressif et aussi fouillé, n’en finit pas de séduire. Et que dire de la palette des coloris ? Il vous faudra toutefois attendre 2023 pour connaître la suite et fin de ce grand moment de bédé.

‘SHI – BLACK FRIDAY’, DE ZIDROU ET HOMS. Aujourd’hui, Zidrou nous emmène entre le Japon et l’Angleterre, dans un deuxième cycle explosif de SHI magnifié, comme à l’accoutumée, par la maestria graphique et les couleurs de Homs. Après un premier cycle de très haute tenue, les auteurs nous remettent dans les pas de Kita et Jennifer qui, dans cette Angleterre victorienne, symbole d’un capitalisme sans pitié, s’insurgent contre les conditions de travail dont sont victimes des enfants. D’autant qu’au-delà, nombre d’entre eux disparaissent. Il faut dire que ce duo, considéré plus que jamais comme terroriste par la bourgeoise bien-pensante, trouve enfin le soutien d’autres femmes, désireuses elles aussi à mettre fin à tous ces agissements. Et de fonder un groupuscule de femmes activistes du nom des ‘Angry Mothers’, ou, si vous préférez, des ‘Mères en colère’. Du coup, aujourd’hui, la marque SHI n’a jamais été aussi visible dans tout Londres, servant aussi bien les droits des femmes que ceux des enfants. Une opportunité pour Zidrou de réinventer dans un Londres victorien, une nouvelle lutte des classes.

‘HARLEM T1’, DE MIKAËL. 1931, Harlem. Alors que la Grande Dépression a plongé les Américains dans la misère, les habitants du quartier nord de Manhattan tentent de décrocher le gros lot en jouant à une loterie clandestine. Celle-ci est tenue d’une main de fer par une femme, Stéphanie St.Clair, surnommée ‘Queenie’ ou encore, ‘Madame Queen’. Originaire de la Martinique, elle a débarqué à New York au début des années 1910. Par la suite, elle a mis tout en œuvre pour se faire une place au soleil dans le petit monde de la criminalité locale. Un succès qui bien évidemment a suscité nombre de jalousies parmi les pontes de la Mafia. L’un d’eux, Dutch Schultz, alias ‘Le Hollandais’ ou ‘Le baron de la bière’, anticipant la fin de cette Prohibition qui a fait sa fortune, entend bien s’approprier le business de ‘Queenie’. Mais c’était sans compter sur la détermination sans faille de ‘Madame Queen’. Après Giant et Bootblak, Mikaël signe ici le troisième volet de son cycle new-yorkais. Une fois encore, ses recherches méticuleuses sur le New York des années 1930 sont bien présentes. Avec lui et son graphique d’une beauté folle, ambiances et atmosphères de l’époque nous sont restituées avec une justesse incroyable.

‘CAUCHEMARS EX MACHINA’, DE SMOLDEREN ET GONZÁLEZ. Paris, 1991. Un matin de septembre, un vieil écrivain de romans à suspens est tué dans son bureau pourtant fermé à clé. Toutefois, pour éclaircir cette énigme, il faudra remonter à l’automne 1938 et à ce dîner-mystère qu’un amateur allemand organisait, cette année-là, afin de rendre hommage à ses auteurs favoris. C’est là que Margery Allingham, grande dame du roman policier anglais, allait croiser la route du jeune Corneille Richelin, auteur de suspenses haletants, et celle du baron von Richtenback, proche des hautes sphères de l’Allemagne nazie. Personne ne le sait encore, mais les pièces viennent de se poser sur l’échiquier… Et de fait, dès le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, Richelin va bénéficier de la protection de son admirateur allemand et travailler pour le cinéma, tandis que, de l’autre côté de la Manche, deux de ses confrères manipulent le scénario de ses rêves au profit des services secrets britanniques. Commence alors pour Richelin un cauchemar inexplicable qui prendra fin un demi-siècle plus tard avec sa mort brutale dans un bureau fermé à clé. Si Thierry Smolderen s’empare avec brio d’une anecdote authentique pour nous livrer un scénario percutant jouant avec réalité et fiction, le trait quasi réaliste et très épuré de Jorge Gonzáles, conjugué à des coloris glaçants, offre à l’ensemble de ce polar, une atmosphère assez glauque qui offre toute son originalité à cet album.  🔶

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