DE SPIROU À HENRI TROYAT… DES BD COMME S’IL EN PLEUVAIT
@ Charly
Campus vous l’avait promis, il va continuer à vous suggérer des idées de BD à offrir à l’occasion de la Noël ou du Nouvel An. Des BD pour tous les jeunes de 7 à 77 ans… et même au-delà.
SPIROU ET LA GORGONE BLEUE… UN SPIROU COMME VOUS NE L’AVEZ JAMAIS VU.
Aux manettes de ce Spirou de… Yann et Dany. Un duo légendaire et combien qualitatif, qui va nous faire découvrir un Spirou beaucoup plus adulte confronté à des problèmes bien d’actualité: l’écologie, la pollution, la malbouffe, les dérives médiatiques. Tout un programme que tisse à merveille et avec humour, l’excellence du scénario de Yann, et la saveur jouissive du crayon de Dany. Dany, l’homme qui adore mettre en scène de jolies damoiselles souvent fort dévêtues. Un concept vraiment peu habituel dans les aventures de Spirou, et pourtant un cocktail imprévu et explosif tout bonnement détonant et plein d’humour.
Lors d’un reportage sur un groupe écolo-terroriste dénommé ‘Les gorgones bleues’, Seccotine découvre que toutes les activités de ces jeunes femmes sont financées par le comte de Champignac, le vieil ami de Spirou et Fantasio. Prenant le relais de l’enquête, le célèbre duo va se retrouver embarqué à son insu sur un porte-avions, dans un combat acharné entre un milliardaire producteur d’engrais chimiques extrêmement polluants et une organisation 100% féminine, qui lutte avec des moyens originaux contre la malbouffe et la pollution des océans. Du Spirou bien dans l’air du temps!
‘Spirou et la Gorgone bleue’, de Yann et Dany chez Dupuis
PENDRAGON – L’ÉPÉE PERDUE… UNE RELECTURE INATTENDUE DU ROI ARTHUR.
Depuis le départ des légions romaines, et vu que cet antique royaume est désormais la proie de guerres féroces et incessantes, les dieux semblent avoir abandonné les hommes et la terre d’Alba. Pourtant, Merlin, sorcier et enchanteur, cherche sans relâche à rétablir l’harmonie et l’unification. Seule solution désormais: trouver enfin un roi capable de mettre un terme aux querelles intestines entre les Sept Royaumes. Un roi capable de rétablir les anciennes croyances face à l’émergence d’une nouvelle religion. D’autre part, alors que les combats font rage sur les terres du roi Leodan, la prêtresse Nimue sent que l’heure est proche. Bientôt un homme fera entrer l’Angleterre dans un nouvel âge: Arthur.
Avec un premier cycle prévu en quatre volumes, Jérôme Le Gris revisite librement le mythe chrétien du Gaal, en l’inscrivant dans le contexte historique qui aurait vu émerger cette figure légendaire. Quant au dessin clair, puissant et flamboyant de Paolo Martinello, il nous propose un univers sauvage, empreint de mythologie celte, tout en s’appuyant sur le story-board hollywoodien de Benoît Dellac. Bien vite la suite!
‘Pendragon – L’épée perdue’, de Dellac, Le Gris et Martinello chez Glénat
NEPHILIMS – LA PISTE DES ANCIENS… QUAND LE WESTERN BASCULE DANS DU FANTASTIQUE.
Nephilims est une nouvelle série qui vient prendre place dans le petit monde de la BD western. Sa base est avant tout historique avec un contexte bien réel: celui de la guerre de Sécession. La série va en fait évoquer la création de régiments unionistes composés de soldats afro-américains qui, dès 1863, vont participer à l’effort de guerre. Dans ce premier volet, nous sommes en Arkansas, dans le camp unioniste de Campen, alors que les soldats qui s’y trouvent se préparent à monter en première ligne. Parmi eux, de nombreux Afro-Américains dont la présence est encore jugée indésirable par bon nombre de leurs frères d’armes. Seule raison: la couleur de leur peau.
Après une rixe, et pour calmer les esprits, une escouade de soldats noirs se voit assigner une mission d’un genre particulier. Escorter une expédition scientifique en plein cœur des monts Ozarks, là où aurait vécu une race d’humanoïdes géants aujourd’hui disparue. Mais pour accomplir leur mission, ces soldats devront éviter les balles sudistes, survivre aux flèches des Amérindiens alliés aux confédérés, encaisser les inévitables remarques racistes, et croiser les doigts pour que la carte à laquelle se fient les chercheurs mène bien quelque part. Des débuts très prometteurs!
‘Nephilims – Sur la piste des anciens’, de David Dusa, Sylvain Runberg, et Stéphane et Juliette Créty au Lombard
LE CRI… QUAND LA SCIENCE DÉVOYÉE DEVIENT UNE ARME FATALE.
C’est à une plongée pour le moins spectaculaire dans le premier opus de la trilogie écrite par Nicolas Beuglet qui met en scène l’inspectrice Sarah Geringën, que Makyo et Laval Ng nous invitent à les suivre dans un thriller qui s’attache à nous faire réfléchir sur la folie des hommes et le danger d’une science dévoyée, devenue arme fatale. Appelée dans un hôpital psychiatrique de la banlieue d’Oslo après la mort suspecte d’un patient, Sarah Geringën, inspectrice de police de son état, est confrontée à deux choses bien distinctes. Tout d’abord le fait que, selon les médecins légistes, cet homme soit mort de… peur. Ensuite, la signification de ce chiffre 488 gravé au milieu de son front.
Alors que le directeur et le personnel de l’établissement tentent de minimiser les faits en parlant d’une crise cardiaque, Sarah comprend rapidement que l’affaire est bien plus importante qu’une simple mort accidentelle. Mettant le directeur face à ses contradictions et tentant par la suite de découvrir les origines de ce patient, Sarah va voir le directeur mettre le feu à l’hôpital et disparaître son forfait accompli. Une enquête palpitante qui vous tient perpétuellement en haleine. Une remarquable interprétation du roman de Beuglet. Quant au dessin de Laval NG, il a tout pour vous plonger dans l’atmosphère anxiogène de ce récit.
‘Le cri’, de Makyo et Laval NG d’après Nicolas Beuglet chez Philéas
LA NEIGE EN DEUIL… ADAPTATION EN BD DU ROMAN DE TROYAT.
Après son adaptation cinématographique en 1956, voilà que ce roman d’Henri Troyat se voit adapté en BD. S’inspirant de l’écrasement d’un avion de ligne sur un sommet alpin, le futur académicien tissait alors la trame d’une histoire sombre et tragique qu’il doublait de surcroît d’une dramatique histoire familiale. Celle d’Isaïe et Marcellin, deux frères qui vivaient depuis toujours dans leur bergerie familiale au sein de la montagne. Pourtant, tout semblait les opposer. Isaïe, marqué par un grave accident d’alpinisme lui ayant laissé de lourdes séquelles, vivait uniquement pour s’occuper de ses moutons.
À l’opposé, Marcellin rêvait de quitter la monotonie de ce quotidien pour rejoindre la ville et ouvrir son magasin. Un jour, un avion s’écrase au sommet de la montagne. On raconte qu’il abrite de l’or. Prêt à tout pour arriver à ses fins, Marcellin propose à Isaïe une dangereuse expédition à la recherche de l’épave, quitte à mettre en péril leur relation fraternelle. Et Dominique Monféry, l’auteur de cette BD où l’émotion est le maître mot, d’entraîner le lecteur dans ces rudes paysages montagnards où la vie, surtout à cette époque, reposait sur la tradition et n’avait rien d’un long fleuve tranquille. Une histoire poignante racontée par un Monféry dont le talent graphique fait aussi merveille.
‘La neige en deuil’, de Dominique Monféry d’après Henry Troyat chez Rue de Sèvres
DE FEU ET DE SANG… LE 2e VOLET DE LA JEUNESSE DE DURANGO.
Yves Swolfs, le père spirituel de Durango, a imaginé une trilogie à travers laquelle le lecteur allait découvrir la jeunesse de ce cow-boy solitaire, surnommé ‘Le Pacificateur’, et qui ne tue que par légitime défense. Rappel du T1. Texas 1882. Témoin de l’assassinat de trois cow-boys , un jeune vagabond échappe lui-même de justesse au tueur, un professionnel armé d’une carabine équipée d’une lunette. Le jeune homme est bientôt engagé comme apprenti par le propriétaire du plus grand ranch de la région pour qui travaillaient les trois victimes. Il ignore qu’en acceptant cet emploi, il deviendra témoin actif d’une sanglante guerre entre éleveurs.
Dans ce deuxième volet, le lecteur va assister à cette guerre entre éleveurs. Une guerre qui va laisser des traces et surtout de nombreux morts dans chaque camp. Celui des éleveurs blancs composé des familles Warren et Belvins, et l’autre, celui des Wesbury, ces métis indiens qui tentent de s’implanter sur des terres prétendues réservées aux Américains. Quant à Durango, engagé chez les Warren, il sait pertinemment que le coupable ne fait pas partie des cibles désignées, mais pour l’instant il escorte Ann Warren qui a quelques courses à faire en ville. Si comme d’habitude le scénario de Swolfs tient la route, le dessin de Roman Surzhenko gagne encore en efficacité.
‘De feu et de sang’, d’Yves Swolfs et Roman Surzhenko chez Soleil
Déc 2023