RENAULT SCENIC E-TECH ELECTRIC, LA VOITURE DE L’ANNÉE 2024 À L’ESSAI
Paul Verdbois
En 1996, Renault créait l’événement en lançant le Scenic, premier monospace compact, qui plus est disposant d’une modularité totalement novatrice. L’honnêteté nous oblige cependant de mentionner qu’en 1983, Mitsubishi avait commercialisé le Space Wagon, véritable précurseur du monospace compact mais qui n’a pas laissé une marque indélébile dans l’histoire automobile contrairement au Scenic qui dès 1997 héritait du titre de voiture de l’année et dont la première génération (1996-2003) a séduit pas moins de 2,8 millions de clients. Les deuxième et troisième générations concrétisent ce succès qui s’essouffle en 2016 avec la quatrième génération.
EXIT LE MONOSPACE, BIENVENUE AU SUV. Manifestement, le concept ‘Monospace’ a fait son temps, balayé qu’il est par le succès des SUV. Ainsi, notre Scenic E-Tech, cinquième génération, tourne le dos au monde du Monospace pour faire son entrée dans celui du SUV et il est incontestable qu’au niveau du design il le fait avec succès. Un design aérodynamique aux surfaces galbées généreuses, avec à l’arrière des lignes rectilignes. L’ensemble se voit associé à de nombreux détails high-tech. Scenic V a donc tout pour séduire les regards avec comme argument supplémentaire une compacité bienvenue (4,47 m) à l’heure des SUV plus que corpulents. Qui dit SUV dit adieu à la modularité exceptionnelle des premiers Scénic avec ses sièges extractibles et coulissants ainsi qu’aux versions 7 places. La modularité se limite aux dossiers des sièges arrière et donc exit le plancher plat. Les espaces de rangement sont cependant nombreux et l’habitabilité, au-dessus de la moyenne, choit les occupants tant à l’avant qu’à l’arrière avec un rayon genoux et une garde au toit des plus confortables. Par contre, le coffre avec une contenance correcte de 545 à 1.670 L ne bat aucun record. Les câbles de recharge se rangent sous le plancher du coffre car à l’avant aucune place n’est disponible vu la présence du moteur électrique.
CONFORT, ÉQUIPEMENT ET FINITION PREMIUM AU RENDEZ-VOUS. Nous avons pu prendre en mains le Scenic dans la finition ‘Esprit Alpine’, en d’autres termes la finition sportive qui n’est supplantée que par la finition Iconic qui se singularise par des revêtements différents, le toit ouvrant translucide, les sièges électriques ainsi que l’Audio Premium Harman Cardon. Parallèlement à une finition remarquable, notre ‘Esprit Alpine’ n’a pas à rougir de son équipement comme le hayon motorisé, le chargeur smartphone à induction, les sièges avant chauffants, le tableau de bord numérique avec écran couleur 12″, le système multimédia openR link 12″ avec Google intégré, l’assistant vocal ‘Google OK’ et une navigation performante y compris un planificateur d’itinéraire pour la recharge. Heureusement, nombre de fonctions se commandent via des boutons et non via l’écran, par ailleurs très convivial et rapide. Signalons également l’heureuse présence d’origine d’une pompe à chaleur. Si une bonne partie des aides à la conduite font partie de la dotation standard, l’on ne peut que regretter que le centrage dans la voie, l’avertisseur d’angle mort, la prévention de sortie de voie, le régulateur de vitesse intelligent ainsi que la vision 360° fassent partie des options sous forme d’un ‘pack augmented vision & advanced driving assist’ (en français dans le texte) (1.500€). Plus grave, d’origine le Scenic ne dispose que d’un chargeur de 7,4 kW. Du coup, la recharge sur des bornes de 11 ou 22 kWh demandera un temps infini. Pour un chargeur triphasé de 22 kW optionnel il faudra débourser 1.500€… une véritable hérésie! Pour les défenseurs de la nature, signalons également les sièges Sport Alpine, par ailleurs bien confortables, en tissu fabriqué à partir de matériaux recyclés et cuir d’imitation. La suspension offre un des meilleurs compromis confort-comportement routier de la catégorie. Quant à la conduite semi-automatique, elle allie le régulateur de vitesse adaptatif au centrage actif dans la voie.
LA TECHNIQUE. Pour son Scenic 100% électrique, Renault n’a pas cherché midi à quatorze heures. La plate-forme n’est autre que la CMF-EV de l’Alliance Renault-Nissan-Mitsubishi que l’on retrouve entre autres sur la Mégane électrique mais avec longueur augmentée d’une dizaine de centimètres. Si notre Scenic disposait de la batterie ‘Long Range’ de 87kWh et du moteur de 220 ch, il existe une version ‘légère’ de 60 kWh et 170 ch avec une autonomie limitée officiellement à 430 km. Pour la version qui nous occupe, Renault annonce une autonomie de 611-620 km, soit une des meilleures de la catégorie. Quant à la recharge sur borne rapide (150 kW), comptez 37 minutes pour passer de 20 à 80%. Sur secteur, il vous faudra patienter ± 45h et sur un wallbox de 7,4kW, ± 12-13h.
Dans sa communication, Renault s’enorgueillit de produire le Scénic E-Tech à Douai avec le label ‘Origine France Garantie’ avec une part de valeur produite en France de pas moins de 74%.
Sans prétendre faire partie du monde des sportives, notre Scenic avec ses 220 ch, ses 300 Nm de couple et son poids (1941 kg) relativement modeste pour un VE, peut se targuer d’un dynamisme certain (0-100 km/h en 7,9 sec) qui permet des dépassements expéditifs et des accélérations de premier ordre. Ne vous attendez cependant pas à une vitesse maxi interstellaire, elle est limitée à 170 km/h comme sur de très nombreux VE. Avec son poids à vide de 1941 kg le Scenic électrique apparait comme un ‘poids plume’ dans la catégorie avec des effets plus que positifs sur son comportement routier qui, sans être foncièrement sportif, se montre des plus dynamiques avec en prime une sécurité de haut niveau, tant sur voies rapides que sur routes sinueuses. La direction et le train avant incisifs offrent au conducteur un vrai plaisir de conduire et cela en toute quiétude. Signalons également l’efficace freinage régénératif réglable via les palettes au volant.
L’on insistera une nouvelle fois sur le parfait compromis confort-comportement routier qui gomme la plupart des inégalités de la route, malgré les jantes de 20’’, tout en effaçant tout tangage de la caisse. Le silence est évidement de rigueur sauf peut-être à haute vitesse où quelques remous se font entendre.
EN RÉSUMÉ, UNE REMARQUABLE RÉUSSITE! Une autonomie des plus favorables. Il est évident que les 611 km d’autonomie annoncés par Renault sont, comme pour d’autres marques, difficile à atteindre. Cependant, notre Scenic E-Tech ne fait pas pâle figure, bien au contraire. En prenant en compte une marge de sécurité de 20-30 km nous avons consommé en ville 15,3 kWh soit environ 525 à 550 km d’autonomie… un must. Le résultat sur route nationale s’avère encore plus positif avec ± 15 kWh soit la même autonomie qu’en ville. Évidemment, sur autoroute, comme d’habitude avec un VE, le tableau est moins enthousiasmant mais cependant plus que correct. Notre consommation s’est élevée, en fonction de la circulation et des travaux, de 19 à 24 kWh aux 100 soit une moyenne de ± 21,5kWh avec une autonomie de ± 380 km… évidemment en ménageant la pédale de droite. Bref, Bruxelles-Paris sans recharge n’est pas illusoire, une performance plus qu’appréciable. Sans discussion possible, le Scenic E-Tech fait partie des meilleurs élèves de sa catégorie.
L’ADDITION SVP. Pour 39.950€, vous serez propriétaire d’un Scenic de base 170 ch. Quant à notre ‘Esprit Alpine’ 220 ch, comptez 49.200€ hors options. Notre exemplaire, enrichi d’options telles que le toit translucide Solarbay qui peut s’opacifier à la demande (1.500€) et la peinture gris schiste-toit noir (2.500€), sans oublier le chargeur 22 Kw ainsi que les Packs augmented vision & advanced driving assist et Harman Kardon s’affichait à 57.150€, un prix loin d’être démocratique mais relativement ‘bienveillant’ par rapport à la concurrence. La finition haut de gamme ‘Iconic’ réclame un effort financier de 2.250€, mais vu son équipement enrichi, l’on ne peut parler de surcoût. Soyons réalistes, dans ce segment du VE, un prix démocratique est désormais aux abonnés absents.
Nul n’est parfait en ce bas monde et tel est le cas du Scénic électrique. Cependant, force est de conclure que ce Scénic électrique en se situant au haut de l’échelle est proche du titre de maître achat de sa catégorie entre autres grâce à son autonomie. Son titre de voiture de l’année n’est donc nullement usurpé, bien au contraire. 🔵
Août 2024