SI VOUS ÉTIEZ PASSÉS À CÔTÉ… ALORS, REVENEZ VITE EN ARRIÈRE

@ Charly

Au vu des nombreuses bandes dessinées qui inondent chaque mois les rayons des librairies, il est devenu impossible de pouvoir vous les présenter toutes. Et pourtant, même si certaines n’ont pas fait l’objet d’une mise en exergue dans nos colonnes, elles méritaient incontestablement le détour. Alors, pour vous aider à ne pas passer à côté de certaines petites pépites, Campus s’est attaché à revisiter les présentoirs d’une grande librairie spécialisée en matière de bédés.

AUX ÉDITIONS DU TIROIR. Dans ‘Hoëdic!’, l’auteur, Bruno Bazile, s’attaque à ses deux passions: sa Bretagne et la bédé. Cette bédé qu’il a découverte dans Tintin, Spirou, alors qu’il était encore collégien. Et le moins que l’on puisse écrire, c’est que le Gil Jourdan de Maurice Tillieux et la Natacha, de François Walthéry, s’inscrivaient alors -et sans nul doute toujours aujourd’hui- au panthéon de ses idoles.
Dans cet ouvrage, sorte d’autobiographie qui se situe à la fin des années 70, Bazile, via une série d’anecdotes, nous dépeint la vie des ados de l’époque. En fait une plongée au coeur d’une jeunesse qui cherche sa voie, mais qui est pleine de rêves et d’idoles. Cela sans oublier bien évidemment leurs premiers émois amoureux. C’est empreint d’une fraîcheur bienvenue en ces temps de canicule.

CHEZ DELCOURT. ‘Tuez de Gaulle’, que signent ici Streins et Munch, est le premier volet d’un diptyque consacré à ce jour du 22 août 1962 où, à 19h30 à Petit Clamart, le général de Gaulle échappe de peu à un attentat. Une histoire qu’on s’empressa d’oublier pour ne pas compromettre trop de gens. Une histoire que personne ne connaît encore totalement aujourd’hui, mais qui, cinquante ans plus tard, trouve des éléments de réponse. Cela tant il est vrai que Simon Streins, bien aidé par le dessin réaliste de Munch, décode de belle manière cette période où la politique du général quant à l’indépendance de l’Algérie suscitait d’énormes vagues dans son propre camp. On attend la suite et fin avec impatience.

CHEZ SOLEIL. Sous le titre générique ‘Au nom de la République’, les éditions Soleil lancent une nouvelle série dont l’orientation est nettement axée sur le monde du renseignement français. Dans ‘Mission Bosphore’, premier volet de cette collection, Jean-Claude Bartoll, le scénariste, s’est inspiré de faits réels pour créer cette nouvelle unité des ‘Défenseurs’.
Unité qui n’apparaît toutefois pas au sein de l’organigramme de la DGSE. Octobre 2018. La presse annonce que les commanditaires des attentats du 13 novembre 2015 auraient tous été éliminés par les forces spéciales. Tous sauf un ! La traque commence… À mettre en exergue le dessin de Gabriel Guzman, mais également le cahier documentaire en fin de récit.

LES ARÈNES. Gageure totalement réussie pour les éditions des Arènes qui, avec Arnaud Delalande au scénario et un Éric Liberge tout bonnement remarquable côté graphique, nous restituent une biographie pour le moins très fidèle de Fritz Lang, ce géant du cinéma. Bien que la peinture ait été son premier refuge artistique, ce sera le cinéma qui consacrera ‘Fritz Lang le maudit’ dont le nœud de sa vie a lieu à Berlin durant l’hiver 1921.
Ce jour-là, Fritz est surpris par Lisa, sa femme, en pleine étreinte amoureuse avec Thea von Harbou, la co-scénariste de ses films. Quelques minutes plus tard, Lisa est retrouvée morte d’une balle en pleine poitrine tirée par le revolver de son mari. Suicide, dispute, meurtre? Innocenté, marié à sa maîtresse avec qui il va se déchirer, Lang s’enfuira aux États-Unis. Superbe récit, superbe graphisme.

CASTERMAN. Arrivé plus tardivement que prévu, ce troisième volume de la série ‘New Cherbourg stories’, intitulé ‘Hôtel Atlantico’, est aussi déstabilisant que ses prédécesseurs. Mais c’est justement ça qui me fait flipper pour ce genre de bédé. Aujourd’hui, c’est lors d’une enquête au théâtre de New Cherbourg que les. Agents Côme et Pacôme découvrent l’existence d’un trafic de faux papiers.
Question: ‘À quoi peuvent servir ces grossières contrefaçons?’ Sans doute à abuser des migrants venus de pays parfois lointains. Mystère, vaudeville, combats de boxe et relations diplomatiques sont au programme de ce nouvel album à l’ambiance rétro que j’adore… à l’image du crayon de Romuald Reutimann.

CHEZ GLÉNAT. Trois hommes, un Russe, un Allemand et un Italien s’échappent d’une prison à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Ils ne se connaissent pas. Voilà le scénario de départ de cette bédé que les dessins à l’aquarelle de Stefano Turconi magnifient de façon incroyable. Se voulant sans nul doute en contraste profond avec cette guerre qui prend fin, ils se veulent à la fois doux apaisants, finement colorés. En témoigne la cover de cet album intitulé: ‘La terre, le ciel, les corbeaux’.
Un véritable petit régal graphique qui nous fait découvrir trois personnages qui n’ont rien en commun, mais qui seront obligés de collaborer et de révéler leurs secrets. Du coup, le lien qui les a obligés à s’unir va les transformer, tout en marquant à jamais leur existence. Fascinant, malgré la présence de certains dialogues en russe ou en allemand.

COMIX BURO. Tout le monde connaît l’histoire du Comte de Monte-Cristo que nous a conté Alexandre Dumas. Celle d’un innocent, trahi par ses propres amis et injustement enfermé au Château d’If. Dans ‘Monte-Cristo le prisonnier’, premier volet d’une trilogie, l’histoire va se répéter pour Sam Castillo. Nous sommes en 2005 à New York. Tout juste fiancé à Abigail, ce jeune américain se voit accusé de terrorisme dans le cadre d’une enquête impliquant la sécurité nationale. Envoyé dans un infâme pénitencier au large des côtes africaines, il va faire la rencontre d’un détenu aussi cultivé que l’était l’abbé Faria de Dumas.  La suite, et après 15 ans d’enfer… une similitude d’évasion et d’idées de vengeance. Mais cela sera à découvrir dans les deux prochains épisodes. On appréciera le dessin réaliste et percutant de Mario Alberti.

LE LOMBARD. Aldo, un truand qui ne supporte pas la vue du sang, vient de louper un virage sur une petite route de campagne. Blessé, il s’en va frapper à la porte d’une ferme appartenant à Lou. Sans le savoir, il venait de frapper aux portes de l’enfer. Tout d’abord, Lou était en train de couper la tête à un poulet. Résultat, à la vue du sang, Aldo tombe dans les pommes. La nuit, lorsqu’il se réveille avec une petite faim, il découvre dans le frigo des morceaux d’un corps humain.
Lou venait tout juste de tuer son mari, banquier de la mafia locale à qui il devait de l’argent. Le père d’Aldo ayant été boucher, notre homme, qui connaît un bout en la matière, va aider Lou à faire disparaître le corps plus qu’encombrant de son époux recherché désormais par les mafieux du coin. ‘Le goût du sang’, un thriller rocambolesque, divertissant où l’hémoglobine coule à flots idéalement servi par le dessin humoristique de Debuhme.

DUPUIS. ‘Pigalle, 1950’. Voilà un album qui fleure bon les polars et les films noirs français de cette époque où Pigalle et Montmartre servaient de décor à des acteurs tels que Gabin, Grangier, Ventura… C’est l’excellent duo Pierre Christin Jean-Michel Arroyo qui est aux commandes de cette évocation nostalgique d’un Paris aujourd’hui disparu. Et pour l’évoquer, ils donnent la parole à Toinou, un jeune provincial ayant quitté son Aubrac natal pour rejoindre Paris. Il avait 18 ans. Aujourd’hui, en cette année 1980, seul dans le funiculaire de la butte Montmartre, il se souvient de la capitale d’alors et de ses lumières magiques. De sa vie nocturne. Des filles légères. Des gangsters. Des trafics. Des petites combines. Du Sacré-Cœur. Mais à trop fréquenter ce monde de la nuit, Toinou s’est vite retrouvé dans le monde du grand banditisme. Outre un scénario de rêve orchestré par Christin, on pointera l’incroyable beauté du dessin et des couleurs sépia d’un Arroyo au sommet de son art graphique.

DARGAUD. Avec ‘T’zée’, c’est une tragédie africaine que nous livrent Appollo et Brüno. Une aventure qui pourrait s’intituler chute et fin d’un dictateur. En filigrane, celle d’un certain Joseph-Désiré Mobutu devenu T’zée pour cet album. Puisant leur scénario dans celui ô combien dramatique du ‘Phèdre’ de Racine, les auteurs entraînent le lecteur en Afrique centrale, fin des années 1990.
Alors que son règne s’achève, le dictateur, emprisonné dans son palais avec Bobbi, sa seconde épouse bien plus jeune que lui, son fils Hippolyte et leur entourage, regarde son pays s’enfoncer dans la guerre civile. À cela, on ajoutera encore que la belle Bobbi est tombée amoureuse d’Hippolyte, ce fils que T’zée a eu d’un précédent mariage.
Si le scénario est subtilement construit, on épinglera la virtuosité du trait et la justesse des cadrages de Brüno qui, avec les couleurs somptueuses de Laurence Croix, apportent ce qu’il faut de démesure à cet album tout simplement magistral.  🔶

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