2022, UN MARCHÉ AUTOMOBILE BELGE TOUJOURS EN BERNE


@ Paul Verdbois

D’aucuns se sont réjouis des ‘performances’ du marché automobile belge en 2022 qui n’a connu qu’une très légère chute de 4,39% par rapport à 2021 pour s’établir à 366.303 unités. Mieux, les 4-5 derniers mois de l’année ont même connu un rebond de près de 20% et donc tous les espoirs semblent permis  pour 2023. Cet optimisme, même mesuré, ne saurait occulter le véritable tsunami qu’a connu ce marché automobile ces trois dernières années. Les chiffres ne mentent pas: 550.003 immatriculations en 2019… 366.303 en 2022, soit une chute de 33,4%. Un tiers du marché s’est donc évaporé. Les causes? La crise du Covid, la rareté des semi-conducteurs, la guerre en Ukraine, l’inflation des prix sans oublier les politiques autophobes menées par certains partis politiques qui plongent le consommateur dans l’incertitude.

VENTES AUX SOCIÉTÉS EN HAUSSE, VENTES AUX PARTICULIERS DANS LES TRÉFONDS. Au grand dam des autophobes, la part du marché des voitures de Société n’a fait que croître. Il représente désormais pas moins de 61,9% et explique en grande partie la santé relativement florissante des marques Premium et de luxe. Par contre, la plupart des marques généralistes ont connu une véritable déroute, déroute totalement comparable à celle du marché aux particuliers qui ne représente plus que 38.1% du marché.

UN PALMARÈS PROFONDÉMENT REMANIÉ. Par rapport au classement de 2019, BMW apparait comme le grand vainqueur de la compétition! Non seulement le bavarois s’empare de la pole position avec 10,38% de part de marché, mais dans un marché totalement sinistré, il augmente ses volumes de 3,76%. Succès du marché Sociétés oblige, d’autres marques Premium telles que Mercedes ou Audi limitent leurs pertes et accroissent leurs parts de marché. Champion toutes catégories, Tesla passe de  3.690 immatriculations en 2019 à 4.789 en 2022 soit une augmentation de 29,78%. Les marques de luxe ignorent également la crise comme Porsche (+23%), Bentley (+42%) ou Ferrari (+18%). Par contre, certaines marques qui se veulent Premium n’ont pas profité de la bonne santé du marché Société: Volvo (-38,66%) et Jaguar et Alfa Romeo qui ont été pratiquement rayés de de la carte avec des pertes de 77 et 55%.

QUANT À LA PLUPART DES MARQUES GÉNÉRALISTES, SANS EXAGÉRATION, l’on peut parler de Berezina. Si VW parvient  à se maintenir à une honorable seconde place, la marque perd quand même 39,63% de son volume. Renault, abonné depuis des décennies au podium connait une vrai descente aux enfers avec une perte de  61,40% et se retrouve en septième position. Champion toute catégorie de cette descente aux enfers, Fiat avec -64,66%. Opel ne fait guère mieux avec -59,58% de même que Mazda avec -55,26% qui est ainsi éjecté des 20 premières places. Quant à Nissan, Hyundai, Seat et Ford, ils naviguent entre -50 et -40%. Peugeot et Citroën résistent correctement et conservent grosso modo leurs positions. Signalons l’honorable performance de Dacia qui consolide ses parts et qui se rapproche dangereusement (ou heureusement) de Renault sa marque mère. Deux exceptions notables dans cette vallée de misère: Toyota et Kia. Le premier se permet même de gonfler son volume de 21,66%, sans doute grâce à ses voitures hybrides. Quant à Kia, avec une croissance modeste de 2,36%, il atomise les résultats de Hyundai, sa marque sœur.

UNE IMMATRICULATION SUR TROIS EST ÉLECTRIFIÉE, MAIS… Par rapport à 2021 où une voiture sur quatre était électrifiée, ce sont désormais 34% des immatriculations qui sont électrifiées soit 122.374 unités. 10,3% sont 100% électriques (BEV), 16,2% sont des hybrides rechargeables (PHEV) et 7,5% des hybrides auto rechargeables (HEV). Hormis ces dernières, l’immense majorité  des BEV (87,1%) et PHEV (91,4%) ont été immatriculées par des Sociétés ou des Indépendants. L’explication réside dans deux facteurs. Premièrement le coût presque prohibitif de ces véhicules  pour les particuliers et deuxièmement les mesures fiscales qui obligent pratiquement les Sociétés et les Indépendants à se tourner vers les V.E. pour continuer à bénéficier de la déductibilité. Vu l’attrait fiscal réduit des HEV, ils sont plutôt populaires auprès des particuliers qui représentent 54,6% des acheteurs. En clair, la V.E. n’a toujours pas convaincu le client lambda. Autre phénomène à souligner, l’écroulement des ventes de diesel qui ne représentent plus que 16,4% du marché.  

ET LES MODÈLES LES PLUS POPULAIRES EN 2022 SONT… Championne toutes catégories des ventes en 2022? La Citroën C3 (8.472) suivie de la Dacia Sandero (8.215), de la Toyota Yaris (7.700), de la Volvo XC40 (7.310) et de la Mini Cooper (7.177). Évidemment, les palmarès des voitures de sociétés et des particuliers divergent grandement. Si pour les Sociétés ce sont la Volvo XC40, la Peugeot 308 et la BMW X3 qui occupent les marches du podium, pour les particuliers, ces marches sont occupées par la Dacia Sandero, la Toyota Yaris et la Dacia Duster. Des différences notables existent également entre les trois régions du pays vu le pouvoir d’achat nettement plus élevé en Flandre et la localisation des sociétés de leasing principalement en Flandre et à Bruxelles. Volvo XC40, Mini Cooper et Citroën C3 dominent en Flandre. Dacia Sandero, Citroën C3 et Dacia Duster tiennent le haut du pavé en Wallonie. Volvo XC40, Audi Q3 et BMW 3 l’emportent à Bruxelles.

L’AVENIR? Au vu des tendances des derniers mois l’on ne peut qu’espérer une vigoureuse reprise du marché, stimulée par ‘l’effet Salon’… sauf si l’un ou l’autre Gouvernement Régional nous concocte de nouvelles réglementations ‘automobile-icide’.  🔵

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