DÉTOUR OBLIGÉ CHEZ DELCOURT… ET CHEZ SOLEIL, TOMBÉ DANS LE GIRON DELCOURT EN JUIN 20211

@ Charly

C’était une évidence, dans son périple dédié aux maisons d’éditions ‘es BD’, Campus se devait de faire une longue halte chez Delcourt. Une maison qui en 2011 a accueilli en son sein les Éditions Soleil. Du coup, les sorties  nouveautés ont bien évidemment été plus que nombreuses. Ce qui, côté espace, nous a parfois mis dans l’obligation d’oublier quelques albums. Aujourd’hui, Campus remet en exergue ces ouvrages ‘zappés’ vu l’abondance de biens et surtout le désir de ne pas oublier les parutions des autres maisons d’édition. Si les quatre premiers récits présentés ici portent la griffe Delcourt, les trois derniers viendront de chez Soleil.

‘LE SEPTIÈME HOMME ET AUTRES RÉCITS’, DE HARUKI MURAKAMI. Séduit par l’enthousiasme et le talent de JC Deveney et PMGL, Haruki Murakami, le romancier japonais le plus vendu et le plus souvent primé, s’est laissé convaincre pour qu’ils adaptent en BD neuf de ses nouvelles. Des histoires dans lesquelles le fantastique se mêle à la réalité du moment, mais où, le plus souvent, les atmosphères se veulent lourdes voire malsaines. C’est ainsi qu’à travers ce fort volume de plus de 400 pages où le dessin de PMGL s’imprègne des ambiances spécifiques de chacun des neuf récits, vous allez, tour à tour, découvrir un homme qui disparaît entre le 24e et le 26e étage d’un immeuble. Une femme qui se replonge dans ses lectures et n’en dort plus pendant des jours et des nuits. Une grenouille géante qui passe un marché avec modeste salarié afin de sauver Tokyo d’un anéantissement total. Une serveuse solitaire qui, le jour de ses 20 ans, se voit offrir la réalisation d’un seul et unique vœu… Bref, plus de 400 pages d’une lecture déstabilisante, durant lesquelles vous vous poserez moult questions. Une lecture qui vaut le coup.

‘CHEZ ADOLF T3 1943’, DE RODOLPHE-MARCOS-FOGOLIN. Prévue en quatre tomes, cette minisérie pose la question de savoir ce que nous aurions fait si nous avions été Allemands. Quant à son point de départ, il concerne un patron de bistro qui, vu la nomination de Hitler au rang de chancelier du Reich, a changé son enseigne afin qu’elle devienne ‘Chez Adolf’. Or, dans son immeuble, vit un certain Karl Stieg. Un professeur qui dans son journal personnel va tenter de répondre à des questions telles que la légitimité des actes posés par Hitler. Quant aux autres locataires, à l’image des clients du café, ils ignorent tous qu’en ce jour de 1933 l’Histoire s’est mise en route vers le gouffre et que personne n’en sortira indemne. Après ce 1933, on est passé au T2, 1939, qui se veut la suite du questionnement du brave professeur Stieg vu l’invasion de la Pologne et de ce qui va en découler. Avant dernier opus de la série, ce 1943 va voir la routine de Karl Stieg mise à mal à la suite des bombardements que subit désormais l’Allemagne. S’il va accueillir une mère et sa fille Mona, qui deviendra sa maîtresse, il va aussi apprendre que la Gestapo est venue questionner à son sujet le patron de ‘Chez Adolf’. Un scénario bien ficelé. Un dessin toujours d’une aussi belle précision. Des coloris traduisant à merveille les atmosphères du moment. Une bien belle lecture que cet album. Vite le T4!

‘LE LOUP GRIS’, DE PÉCAU-MAVRIC-VERNEY. Avec sa série ‘Machines de guerre’, Delcourt nous présente ces terribles machines de combat qu’étaient les chars d’assaut. De véritables monstres construits par les différents belligérants de la Seconde Guerre mondiale. Des ‘tueurs’ qui sont devenus aujourd’hui les témoins de cette époque où le monde a basculé. À noter que certains d’entre eux ont encore, par la suite, combattu sur d’autres fronts. Après le JS-1 des Russes, le Tigre de l’armée allemande, le Sherman venu d’Amérique, le T34 russe dont l’album Delcourt le mettra aux mains d’Aleksandra Samusenko, la première femme à piloter un tel engin, voici ‘Le Loup gris’. Ce projet de char allemand, le plus gros de toute la Seconde Guerre mondiale, un monstre de 188 tonnes, mais qui fut produit à seulement deux exemplaires. Dans ce nouvel album, toujours aussi bien documenté et comportant comme ses frères un superbe cahier technique en fin de programme, on retrouve une fois encore le trait hyper réaliste de Mavric mis en évidence par les coloris de Verney. Quant à l’histoire utilisée ici sous forme d’uchronie, elle nous emmène en 1947, dans les forêts d’Ukraine, là où la guerre à l’Est s’éternise, et où ce titan d’acier fait des ravages. N’empêche qu’une jeune cheffe russe s’est juré de l’anéantir. Une nouvelle et totale réussite.

‘LE MÉDECIN DE DIÊN BIÊN PHU’, DE PÉCAU ET DAVIDENKO. Dans sa série ‘Histoire et destins’ qui nous a déjà valu ‘L’insurgée de Varsovie’ et ‘Le garde du corps de Massoud’, Delcourt nous propose de retourner dans l’Indochine de l’année 1954 où se déroule, à Diên Biên Phu, une des pages les plus sombres de l’armée française. Comme à sa bonne habitude, Jean-Pierre Pécau, l’homme qui ne travaille qu’après avoir été fouiller le moindre recoin des documentations en place, s’est penché sur le travail réalisé là-bas par un certain Jacques Gindrey, chirurgien de son état, et affecté en novembre 1953 à l’antenne chirurgicale de Diên Biên Phu. Là, durant 57 jours et 57 nuits, il soignera et opérera des soldats blessés au front. C’est vrai que si les Français avaient occupé cet endroit plus que favorable avec une piste aérienne pour l’acheminent du matériel, mais aussi l’évacuation des blessés, ils avaient oublié que leur camp était dans une cuvette, et, surtout, que l’ennemi possédait de l’artillerie lourde. Du coup, alors qu’il n’est plus question d’atterrissage ou de décollage du moindre avion, Jacques Gindrey et ses collègues, dans des conditions sanitaires déplorables, vont être obligés de pratiquer des gestes chirurgicaux majeurs. Un superbe hommage, bien rendu par le crayon sobre, mais percutant de Davidenko.

‘LE CHÂTEAU DES MILLIONS D’ANNÉES T2/3’, DE NOLANE ET VLADETIC. Pour ce titre, et les deux qui vont suivre, nous basculons chez Soleil. Avec ce deuxième volet d’un triptyque, Richard D. Nolane poursuit son adaptation ‘d’Origines’, un récit fantastique paru sous forme de trilogie signé par Stéphane Przybylski. Dans le tome 1, toujours bien présent sur notre site (cf. onglet Books page 10), nous avions fait la connaissance de l’officier SS Saxhäuser. Un espion de la SD Ausland envoyé par Himmler en Irak, pour une mission archéologique dont le but officieux est de s’allier à des nationalistes locaux afin de saper l‘influence britannique au Moyen-Orient. Toutefois, dans la vallée du Tibre, il fait une découverte à ce point incroyable, qu’elle devrait modifier la donne du terrible conflit qui s’annonce. Mais, de plus en plus mal à l’aise face à ce régime nazi qu’il tente de servir au mieux, il va, dans ce tome 2 -‘Depuis la nuit des temps’-, se poser la question de savoir s’il va ramener sa stupéfiante trouvaille à Hitler ou à l’Angleterre. Le dessin réaliste de Vladetic sert toujours à merveille cette uchronie pour le moins passionnante.

‘SOLD OUT FACE B’, DE PHIL CASTAZA. Le tome 1, ‘Face A’, vous le retrouverez en feuilletant nos pages ‘Books’. Pour rappel: Colette, Vince, John et Georges, ces septuagénaires ayant bon pied bon œil – ou presque – ont décidé de reformer les Flying Roosters, ce groupe qui faisait fureur dans les années 1970. Aujourd’hui, ces papys et cette mamy du rock, après répétitions, sont prêts à remonter sur scène. Tout est en place. D’autant plus que notre quatuor peut désormais compter sur les technologies d’aujourd’hui, bien aidés en cela par Cindy et le jeune frère de Sally. Y’a plus qu’à! Mais c’est à ce moment-là qu’un imprévu leur tombe dessus. Mais n’ayez aucune crainte, au vu de tout ce qu’ils ont mis en route, rien ne pourra les arrêter. Le scénario de Castaza  est des plus divertissants et son dessin, toujours aussi caricatural, sert à ravir ce diptyque au caractère ‘feel good’.

‘L’ENFER POUR AUBE’, DE PELAEZ ET OGER. Avec cet album, véritable moment de grande BD, vous découvrirez ‘Paris Apache’, premier volet d’un diptyque ayant pour titre général ‘L’Enfer pour Aube’. Un opus qui commence en janvier 1903n et entraîne le lecteur dans ce qui se veut l’immédiat après Commune de Paris. Un Paris qui se modernise, mais tente aussi d’éradiquer cette insécurité qui règne sous toutes ses formes. C’est vrai que l’on va découvrir une ville lumière (???) à deux vitesses. D’un côté les nantis, et, de l’autre, un Paris qu’on qualifierait de populaire pour ne pas dire vivant dans une pauvreté certaine. C’est dans ce contexte, et ayant sans nul doute devant lui une documentation plus que fouillée, que Philippe Pelaez construit ce récit dans lequel des notables sont éliminés les uns après les autres. Et cela par le biais d’un étrange individu masqué, qui n’oublie jamais de déposer un Louis d’Or sur le corps de chacune de ses victimes. Œuvrant avec les redoutables ‘Apaches’, il sème la terreur dans tous les coins et recoins d’un Paris qui se transforme. Mais alors que tout le monde est persuadé que ce sont ces jeunes malfrats appelés Apaches qui sont les auteurs de ces crimes, l’inspecteur Gosselin, vu la présence de ces Louis d’Or, s’oriente vers une autre piste. Si le scénario ne mérite la moindre critique, que dire alors du trait d’une incroyable somptuosité de Tiburce Oger. Un graphisme transcendé par cette palette de coloris oscillant entre le blanc, le gris et le noir, avec, çà et là, une éclaboussure d’un rouge brunâtre qui sublime plus encore l’ensemble. Vivement la suite!  🔴

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