LES IMMATRICULATIONS EN BELGIQUE. UN PREMIER TRIMESTRE EN DEMI-TEINTE

Fin du mois de février, les sourires étaient de mise dans les cénacles automobiles belges. Avec 13,37% de croissance la météo automobile belge était au beau fixe. Mais au 31 mars, les mines étaient plutôt du type ‘soupe à la grimace’: la croissance se limitait à 2,78% par rapport au premier trimestre 2023. En cause, un mois de mars déplorable avec 13,53% de recul (44.751 immats au lieu de 51.754). Résultat des courses, 135.140 immatriculations pour 131.484 en 2023. La fin de la remontada après les années noires dues au Covid 19.
Pour expliquer cette légère contre-performance, certains mettront en avant un nombre de jours ouvrables inférieur à celui de mars 2023…à voir. Il n’en reste pas moins qu’il s’agit là d’un résultat très proche de la moyenne des 10 dernières années.

LES GAGNANTS ET LES PERDANTS (VOIR TABLEAU). Si BMW et VW conservent leurs première et seconde places, Audi complète le podium avec une avancée de 27,73%. Mercedes conserve sa quatrième place. D’autres performances remarquables sont à signaler: Volvo (+38,21%),  Tesla (+38,21%), deux marques qui profitent pleinement de leur positionnement dans le marché des Sociétés. Avec 33,76% de gains, Dacia s’affirme de plus en plus comme la voiture plébiscitée par le client Particulier. Sans être exhaustif, signalons également la bonne santé de BYD (+261,54%), Honda (+99,11%), Lexus (+54,74%) Suzuki (+52,92%), Polestar (+42,82%), Kia (+22,34), Hyundai (+13,69%)… Pour l’anecdote, citons également les +586,36% de Smart, qui il est vrai ne représente que 151 immatriculations.

DU CÔTÉ DES PERDANTS, l’on retrouve principalement les constructeurs généralistes européens avec pour certains des résultats comparables à la déroute de mai 1940. Fiat avec -48,81% mène cette danse macabre suivie de près par Opel avec -42,24% qui hérite de la peu enviable 17ième place et par Peugeot (-39,99%) qui abandonne sa troisième place pour se retrouver à la dixième. Un véritable désastre pour Stellantis, surtout en tenant compte des reculs enregistrés également par Alfa-Romeo (-18,66%), Jeep (-22,91%) et DS (-46,64%). Quant à Renault (-10,56%) qui se fait doubler par Dacia et Ford (-17,33%), ils se limitent à sauver les meubles. Autres perdants, Lynk & Co (-82,57%), Mini (-42,63%), Jaguar (-35,91%),  Seat (-2,56%) et MG (-17,78%). Parmi les perdants, il est significatif que dans la plupart des cas il s’agit d’acteurs qui sont absents ou qui ont perdu leurs positions sur le marché Professionnel, désormais hyper dominant.

LES CONSTRUCTEURS CHINOIS EN RECUL

Si au premier trimestre 2023 les constructeurs de l’Empire du Milieu représentaient 1,58% du marché automobile belge, au 31 mars 2024  ce n’était plus  que 1,37% soit environ 1.913 immatriculations. Ce recul est principalement dû à MG et à la contre-performance de Link & Co.

LE MARCHÉ DES CLIENTS PARTICULIERS REPREND ‘DU POIL DE LA BÊTE’. Si fin 2023, le marché des clients Particuliers s’était contracté à 31,2%, le premier trimestre 2024 permet à ce marché de remonter la pente pour atteindre 38,1% (51.519 immats). Cette croissance peut s’expliquer par le léger recul du marché professionnel qui avait connu une forte poussée en 2023 du fait de l’évolution à venir de la fiscalité des voitures de Société. Autre explication partielle, la prime flamande à l’achat d’un véhicule électrique qui a poussé plus de Particuliers à franchir le pas vers un véhicule 100% électrique. 3.808 particuliers flamands ont opté pour un BEV au premier trimestre 2024 contre 1.521 l’an passé, soit une progression de 150,4%.

LES VOITURES ÉLECTRIFIÉES DÉPASSENT LES THERMIQUES. Pour la première fois, les ‘électrifiées dépassent les thermiques avec 52,8% de parts de marché. Mais insistons sur le terme ‘électrifiée’ qui engobe certes  les vraies électriques (BEV) mais aussi les hybrides rechargeables (PHEV) ainsi que les auto-rechargeables (HEV). Si les thermiques essences maintiennent grosso modo leurs positions avec 40,9% de parts de marché, pour les diesels, c’est tout simplement la Bérézina avec  un maigre 5,5%. Les BEV passent de 19,6% à 23% (31.082), une progression principalement due à la Flandre mais aussi à Bruxelles. Sachant que la plupart des BEV sont des voitures de Société, acquises en leasing et que  des Sociétés de leasing sont situées en Flandre et dans une moindre mesure à Bruxelles ceci n’a rien d’étonnant, sans oublier la prime flamande qui cible principalement le client particulier. Quant à la Wallonie… rien, nada, niente, pas un dixième de progrès. Un résultat qui n’augure rien de positif pour l’avenir automobile du sud du pays. 
Les PHEV s’attribuent 20,4% (27.568) de parts de marché et les HEV  9,4% (12.703) soit pratiquement un statu quo par rapport à 2023.

AVANCÉE DE L’ÉLECTRIQUE MAIS PRINCIPALEMENT SUR LE MARCHÉ PROFESSIONNEL. Le marché Professionnel est ultra dominé par les VE avec pas moins de 67% de parts de marché. Les BEV mènent la danse avec 31,6% suivi de près par les PHEV (30,4%) dont les jours sont comptés vu l’évolution de la fiscalité sur les voitures de Société. Les HEV, vu leur peu d’intérêt fiscal,  ne représentent qu’un maigre 5,6%. Quant aux Particuliers, seuls 28,9% ont opté pour l’électricité dont 9% (4,9% en 2023) pour les BEV, principalement en Flandre avec l’aide de la fameuse prime de 5.000€ qui, vu son coût exorbitant, sera d’ailleurs supprimée en fin d’année. Les HEV et les PHEV  ont convaincu respectivement 15,7% et 4,2% de Particuliers. Les hybrides rechargeables n’obtiennent donc pas grâce auprès des particuliers, situation logique vu leur surcoût conséquent par rapport aux véhicules thermiques.

ET LES MODÈLES PRÉFÉRÉS DES BELGES. Vu le poids du marché Professionnel, il n’est pas étonnant que le podium soit occupé par des véhicules plutôt haut de gamme. La Tesla Y (4.769 immats), Volvo XC40 (4.189) et la BMW X1 (3.906) confortent leurs trois premières places de 2023. Elles sont suivies par la valeureuse Dacia Sandero, championne des ventes à Particuliers qui précède les Audi A3, Citroën C3 et autres Audi Q3.
Sur le marché des BEV, le Podium est pratiquement identique à celui du marché global. Quant à celui des thermiques essences, ce sont les Dacia Sandero, Citroën C3 et Volvo XC40 qui dominent. Les Peugeot 308, Dacia Duster et VW Golf se distinguent dans le marché des diesels. Les Audi Q3 et les Toyota Yaris s’attribuent les couronnes pour respectivement les PHEV et les HE
Des marchés totalement différents en fonction du type de client et de la région
Des mondes différents, le monde des voitures de Société et celui des particuliers qui se côtoient. L’un où le haut de gamme règne en maître, l’autre qui s’adresse à Monsieur tout le monde. Le monde des voitures de Société? Il est dominé par la BMW X1, La Volvo XC40, La Tesla Y, L’Audi A3 et l’Audi Q3. Le monde du client Particulier?  Bienvenue à la Dacia Sandero, la Dacia Duster, la Citroën C3, la Tesla Y (l’exception) et la Toyota Yaris.
Des mondes différents également entre les régions. Si la Flandre (Tesla Y, Volvo XC et BMW X1) et Bruxelles (Volvo XC40, BMW X1 et Audi A3) jouent dans la même division, il n’en va pas de même de la Wallonie où le marché est dominé par les sympathiques Dacia Sandero, Dacia Duster et Toyota Yaris, nettement moins haut de gamme.

L’AVENIR? Si le marché automobile belge semble naviguer dans des eaux plutôt favorables, il est incontestable que les échéances électorales du mois de juin, qui pourraient voir certains courants politiques souhaitant la fin de la voiture de Société l’emporter, signifieraient immanquablement une dégringolade du marché automobile belge.  🔵

Avr 2024